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LES
NOUVEAUX ROMANCIERS
AMERICAINS

I.
W.-D. HOWELLS

Si nous avions eu naguère à désigner la véritable patrie du roman, le sol où ce genre de littérature, a poussé les plus profondes racines et donné quelques-unes de ses plus belles fleurs, nous aurions volontiers nommé l’Angleterre, le pays de Fielding et de Walter Scott, de Dickens et de Thackeray. Et, auprès de ces talens de premier ordre, combien de conteurs charmans que, découragés par leur nombre, nous renonçons à citer ! Aussi bien tous ceux qui demandent à la fiction un amusement délicat les connaissent et les aiment. Depuis quelques années cependant, leurs rangs se sont éclaircis, du moins les premiers rangs où figurait une élite qui ne se renouvelle plus ; le sceptre tombé des mains de George Eliot n’a été relevé par personne. On en est réduit à attendre impatiemment l’éternelle histoire d’amour, presque toujours la même, que Ouida, rachetant l’absence d’invention par la grâce, par le sentiment passionné des beautés de l’art et de la