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POÉSIE

LE SONGE DU GRAND VENEUR.



I.


Je passais à travers la forêt des Ardennes
Quelques siècles après le vieux roi Pharamond,
Mais c’était bien avant les quatre fils Aymon. —
Les biches et les cerfs, et les daims et les daines

Descendaient en famille au bord des clairs étangs. —
Entre les joncs fleuris les bardes venaient boire
En laissant sur les eaux de grands cercles de moire,
Où tremblaient élargis les aunes miroitans.

Tous ces fauves charmans, à la robe lustrée.
S’abreuvaient... quand le bruit lointain d’un oliphant
Fit tressaillir le cerf, et la biche, et son faon,..
Et la harde sous bois rentra tout effarée.

Une femme apparut (venant on ne sait d’où)
Sur le bord de l’étang, jeune et belle inconnue.
Portant la robe courte avec la jambe nue
De la cheville au moins jusqu’en haut du genou.

Mince écharpe de laine à l’épaule agrafée
(Robe d’un bleu d’azur, écharpe bleu turquin);
Le pied vif et cambré moulant son brodequin;
Une fierté de reine, une grâce de fée ;