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élémens qui forment le fonds commun de toutes les religions, ainsi que la recherche impartiale des vérités qui établissent la position et la destinée de l’homme dans l’univers. Quant à se prononcer entre les systèmes religieux, les méthodes, et les définitions mêmes qui se réclament du libre examen, elle ne pourrait l’entreprendre. sans faillir à l’esprit de son rôle. Aussi la Free religious Association s’est-elle contentée d’offrir une tribune libre, pour le développement et l’échange de leurs idées, à tous ceux qui prétendaient fournir quelque solution rationnelle des problèmes religieux, et, sous ce rapport, on peut dire qu’elle a comblé une véritable lacune dans la société américaine.

Dans le petit nombre d’églises locales qui se sont fondées sous les auspices de la religion libre, on en remarque une, à Dorchester, dans le Minnesota, qui est dirigée par une dame, Mrs Clara Bisbee. Cette congrégation compte une cinquantaine de familles recrutées surtout parmi les unitaires, les épiscopaux et les spirites. On aura une idée de la louable activité qui distingue la ministresse quand on apprendra, d’après l’Index du 29 juin 1882, qu’elle conduit l’office, tient l’orgue, dirige le chœur, prononce le sermon, préside à l’école du dimanche pour les enfans et donne un cours d’histoire des religions à une classe d’adultes. — Une autre congrégation « religieuse libre, » celle de Providence, dans l’état de Rhode Island, a obtenu, en 1881, pour son ministre, le droit de conclure des mariages légaux, privilège réservé jusque-là aux ministres régulièrement ordonnés d’une communion religieuse, ainsi qu’aux juges de la cour suprême. A ce propos, il s’est engagé entre le ministre de la Free religious Congregation, M. F. a Hinckley, et les commissaires chargés par la législature locale de s’assurer si la « religion libre » était bien une religion, un dialogue qui jette un jour assez curieux sur l’attitude adoptée par les adeptes du nouveau culte vis-à-vis des questions théologiques proprement dites. Comme les statuts de la congrégation lui assignaient exclusivement pour objets « la pratique de la vertu, l’étude de la vérité, et la fraternité de l’homme, » le président de la commission fit observer qu’il ne pouvait découvrir à qui s’adressait le culte des pétitionnaires. — Le Rév. F. A. Hinckley : « Comme individus, nous représentans toutes les nuances du libre examen ; mais, comme association, nous avons un élément de culte distinct. Tous les esprits sensés reconnaissent un pouvoir en dehors et au-dessus de nous (a Power over and above us). Nous prétendons reconnaître le grand principe des choses, quand nous reconnaissons ce pouvoir, bien que nous ne le reconnaissions pas de la même façon que les autres églises. — Un membre : — Qu’adorez-vous ? — Le Rév. Hinckley : — Je suis tout disposé à vous le dire, mais je ne pense pas qu’il rentre dans