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L'INTERNAT ET LA VIE DE COLLEGE
EN FRANCE ET EN ANGLETERRE

La fâcheuse échauffourée qui s’est produite dernièrement au lycée Louis-le-Grand a fait naître beaucoup de réflexions et fourni matière, comme il arrive en pareil cas, à de vives controverses. Les uns ont rejeté tous les torts sur une jeunesse indocile, impatiente de tout frein, de toute autorité, pressée du désir de s’émanciper avant l’heure, trop portée à s’inspirer des mauvais exemples que lui donnent des indisciplinés qui ne sont plus jeunes et à croire sur leur parole que la liberté consiste à ne rien respecter et à n’obéir à personne. D’autres s’en sont pris à l’administration du lycée, ils lui ont reproché d’avoir manqué de souplesse, de tact et de sang-froid, d’avoir recouru trop vite aux remèdes violens quand les voies de douceur suffisaient. D’autres, enfin, ont profité de l’occasion pour renouveler leurs accusations contre tout notre système d’éducation publique et, en particulier contre l’internat, dont il est permis assurément de médire, mais qu’il faut considérer comme un mal inévitable tant qu’on n’aura pas indiqué les moyens de le remplacer.

On nous accuse d’être trop contens de nous-mêmes, et cependant si nous aimons à nous louer, nous aimons aussi à nous dénigrer. Il nous plaît de faire bon marché des avantages que nous possédons, d’exagérer les inconvéniens et les vices de nos institutions. C’est surtout en ce qui concerne nos établissemens d’instruction secondaire que nos critiques n’ont pas de mesure. Ceux qui les décrient le plus