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le canon français est pris, repris, perdu encore ; le maréchal de L’Hôpital est hors de combat.

L’infanterie française formant le centre ou « bataille, » canonnée, abordée sur plusieurs points par la cavalerie, recule et se rapproche de la réserve commandée par Sirot.

L’infanterie du roi catholique dessine un mouvement par échelons, la droite en avant, pour compléter l’avantage remporté par le comte d’Isembourg. Celui-ci occupe sur le flanc gauche de la « bataille » française une position analogue à celle que le duc d’Anguien a conquise derrière la gauche de la « bataille » espagnole ; mais une partie de la cavalerie d’Alsace s’est laissé entraîner dans une direction excentrique en poursuivant les escadrons de La Ferté.

Telle est la situation vers six heures du matin.

Deuxième moment. — Après avoir rallié ses escadrons, le duc d’Anguien, par un changement de front et une charge inopinée, prend à revers l’infanterie ennemie. Traversant les bataillons allemands et wallons qu’il met dans un désordre irrémédiable, il arrive par derrière la première ligne à l’autre extrémité du champ de bataille.

Sirot fait avancer la réserve, décide quelques bataillons à faire face en tête, s’efforce en vain de maintenir la ligne de combat. Le centre français était de nouveau en retraite lorsque le duc d’Anguien reparaît.

La défaite de la seconde et de la troisième ligne arrête le mouvement offensif de l’infanterie du roi catholique. Sirot ramène ses troupes, reprend le canon perdu. Les régimens italiens, premier échelon de droite, chargés en flanc par le duc d’Anguien et menacés de front par Sirot, se retirent en désordre. Le second échelon (Velandia), résiste davantage, mais il est rejeté sur le gros des tercios viejos.

Les escadrons de La Ferté se rallient. Après de brillans engagemens, la cavalerie d’Alsace est enveloppée, rompue et ses débris quittent le champ de bataille. Isembourg est hors de combat.

De toute l’armée du roi catholique, les « Espagnols naturels » restent seuls en ordre sur la position qu’ils occupent depuis la veille ; ils forment un rectangle allongé ; une foule d’hommes appartenant à divers corps ou nations ont grossi leurs rangs. Ils ont conservé leur artillerie. C’est Fontaine qui les commande. En face d’eux les troupes françaises se reforment. Temps d’arrêt général vers huit heures.

Troisième moment. — Le duc d’Anguien, ne voulant laisser ni à l’armée du Luxembourg le temps d’arriver, ni à l’infanterie d’Espagne le loisir de manœuvrer, se hâte d’attaquer la phalange avec