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simultanément à Montsouris et à la rue de Rivoli, avec de l’air puisé au milieu du parc et pris à la mairie du IVe arrondissement, à la mètres au-dessus de la chaussée, ont prouvé que l’atmosphère centrale de Paris est neuf ou dix fois plus chargée de microbes que l’air pris dans le voisinage des fortifications. C’est ce que montrent avec évidence les moyennes suivantes :


Automne. Hiver. Printemps. Été. Année.
Montsouris 89 56 67 100 75
Rue de Rivoli 760 410 940 920 750

En considérant les résultats journaliers, on constate des variations beaucoup plus marquées : les minima, pour la rue de Rivoli, peuvent descendre au-dessous de 20, et les maxima dépasser 5,000 germes par mètre cube (aux époques de sécheresse quand les voies publiques n’ont pas été arrosées). Mais, dans les régions supérieures, l’air paraît être toujours remarquablement pur ; au sommet du Panthéon, M. Benoist a trouvé deux fois moins de germes qu’à Montsouris.

Comme on vient de le voir, l’infection de l’air est habituellement dix fois plus grande dans l’intérieur de Paris qu’à Montsouris. Les analyses effectuées au cimetière de Montparnasse n’ont donné que des nombres doubles de ceux de Montsouris ; il semblerait donc que les cimetières, loin d’être des foyers d’infection, sont plutôt une cause d’assainissement des grandes villes, au même titré que les jardins publics. Cette conclusion a été pleinement confirmée par des expériences directes qui ont démontré que des masses d’air, chassées à travers un amas de terre saturée de substances putrides, restaient néanmoins aussi pures que l’air filtré par une bourre de coton. On n’aurait donc à redouter que les microbes que la pelle du fossoyeur amène accidentellement à la surface du sol.

Les neuf dixièmes des bactéries qui existent dans l’air de Paris proviennent des poussières accumulées dans les maisons et de la boue desséchée des rués. La poussière des rues s’insinue continuellement dans l’intérieur des maisons, qui la restitue à l’air ambiant au moment des nettoyages, échange incessant qui perpétue fatalement l’infection de l’atmosphère des grandes agglomérations humaines. Un danger des plus graves vient des virus figurés qui s’amassent dans les chambres des malades, et qui ont pour origine les desquamations, crachats et déjections de toute sorte, desséchés et réduits en poudre impalpable qui pénètre partout. Après la mort des malades ou leur guérison, on se livre à un semblant de désinfection qui ne détruit rien, et des germes d’épidémie peuvent ainsi rester longtemps cachés, en conservant une funeste vitalité. Mais le danger qui réside dans les immondices dont le sol des grandes villes est saturé et qui infestent les rues, n’est pas moindre : de là l’importance d’une solution pratique du grave problème des vidanges. En