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et le Jardin des racines grecques, nous renseignent sur le sens de cette allégorie. C’est le règne de la république, qui supprime la guerre et donne le repos à tous les peuples. Nous espérons qu’il passera encore de l’eau sous le pont de Kehl avant ce retour de l’âge d’or. Et quelle idée singulière M. Dalou a-t-il de faire de la politique en bas-relief ? Tient-il donc tant à rappeler qu’à tort ou à raison on l’a pris jadis pour un homme politique ? Ces réserves faites sur la conception humanitaire de l’œuvre et sur sa manière théâtrale, il faut reconnaître dans la République le don de la composition, la fougue et la facilité de la main.

On n’a pas oublié le bas-relief destiné au tombeau de Reber qu’exposait l’an dernier M. Tony Noël : une figure drapée, poétique et mystérieuse comme l’ombre d’Ophélie. Cette année, M. Tony Noël a sculpté deux guerriers avec toute l’apparence de la vie et tout le mouvement de la lutte corps à corps. L’un de ces hommes, frappé d’une javeline, tombe près de son compagnon ; l’autre, se couvrant du bouclier et tenant l’épée prête à frapper, continue le combat : Uno avulso non deficit alter. Ces deux figures ramassées sont supérieurement groupées ; l’exécution est savante et énergique. M. d’Épinay élève une statue à Callixène, célèbre pour avoir été la première maîtresse d’Alexandre. Enveloppée de la tête aux pieds dans une de ces étoffes transparentes que les Latins appelaient vitreœ vestes, la courtisane apparaît comme nue sous ces voiles légers. Elle ébauche un pas de danse, le pied gauche en avant, le poids du corps portant sur le pied droit, le buste tourné à gauche, la main tenant un pan de la palla, dont une des extrémités forme voile autour de la tête. Cette élégante et gracieuse figure semble un grandissement d’une terre cuite de Tanagra. En sculptant Diane et Endymion, M. Damé a oublié que la ronde bosse n’est point faite pour représenter les choses vaporeuses et intangibles. L’Endymion repose sur un nuage qui a tout l’air d’un rocher, et Diane s’élève dans le croissant de la lune qui n’est rien moins qu’une double faux ; quant à la draperie qui flotte autour de la déesse, ce ne peut être évidemment qu’une feuille de tôle découpée. M. Darbefeuille a symbolisé l’Avenir par un éphèbe nu qui tient d’une main un livre ouvert et de l’autre une grande épée. Cet avenir-là paraît plus probable que celui de la vision de M. Dalou. Le Crépuscule de M. Boisseau est une figure de femme conçue par un sculpteur français de la renaissance et exécutée par un praticien italien du XIXe siècle. La Nymphe Écho, de M. Gaudez, qui s’enfuit nue en tenant sa syrinx, sort de l’atelier de Falconet ou d’Allégrain. Le Titan supportant le monde, de M. Injalbert, serait un beau modèle de cariatide pour quelque monument. M. Baujault donne à son Rêve cette épigraphe : In