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périodique publié par l’École. Aux termes d’un récent arrêté, nul envoi n’est demandé aux membres de première année : sage disposition qui encouragera les bons esprits à s’engager tout de suite dans les voies étroites, sans avoir à craindre de ne pas obtenir assez tôt des résultats qu’ils puissent montrer. À cette disposition nouvelle se rattacherait la question de savoir si les pensionnaires sortant de l’École normale, dont l’instruction générale est toujours excellente, sont préparés comme il conviendrait aux études spéciales qu’on attend d’eux à Rome, problème à la fois très délicat et très étendu, qui impliquerait l’examen de toute notre théorie scolaire.

On est établi dans le palais Farnèse, loué au roi de Naples. La cour et les portiques ont conservé quelques restes des collections d’antiques qui les décoraient jadis. Au premier étage, l’ambassade de France près le roi d’Italie occupe ces dix à douze salons et la célèbre galerie que décorent les fresques des Carraches, du Dominiquin et du Guide, très belle demeure naguère de M. le marquis de Noailles, dont le nom doit être inscrit parmi les plus actifs fondateurs de l’École française de Rome. — Au second étage, l’appartement du directeur, les salles de conférences et de collections, et la bibliothèque.

Après ses fondateurs, l’École doit compter ses tuteurs naturels, en tête desquels, à côté de l’administration supérieure de l’Université, elle place les membres de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, non pas seulement pour le lustre d’une sanction précieuse à ses efforts, mais pour les conseils affectueux que chacun d’eux est toujours prêt à lui prodiguer. Une fonction principale du directeur est d’engager et d’entretenir ces liens utiles entre les maîtres de la science et leurs meilleurs disciples. — Mais l’École a rencontré en outre des bienfaiteurs sur le concours désintéressé desquels elle n’avait pas le droit de compter. C’est en particulier l’accroissement de sa bibliothèque qui est devenu l’occasion de bons offices envers elle.

Dans une ville telle que Rome, avec un cadre d’études aussi vaste que celui qui s’impose, la formation d’une très riche bibliothèque est pour une école savante une question vitale. Les grands dépôts romains soit publics soit privés, sont nombreux, il est vrai, et très précieux par d’anciens fonds qu’il serait difficile d’acquérir aujourd’hui ; mais, d’une part, il faut avoir chez soi les grands recueils si l’on veut non pas seulement les consulter, mais arriver à les connaître ; d’autre part, pour peu qu’on veuille travailler avec rigueur, ces anciennes bibliothèques ne sont plus au courant de la science ; elles ont été peu augmentées depuis plus d’un demi-siècle, de sorte que, pour certaines branches d’érudition fort accrues