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Bernardini, ont amené la découverte d’un de ces dépôts de figurines en terre cuite comme il y en avait beaucoup au voisinage des anciens temps, dans ce qu’on appelait les favissœ. Quand les ex-voto étaient devenus trop nombreux, on les transportait dans ces sortes de magasins comme en terre consacrée. Ces terres cuites sont fort éloignées assurément de la finesse et de la beauté des célèbres figurines de Tanagre ; ce sont des objets tout populaires qui devaient coûter fort peu. Elles n’en ont pas moins une allure artistique, et reproduisent peut-être, quoique de loin, des statues renommées. Un membre de l’École, qui avait dirigé ces fouilles, M. Fernique, en a publié le détail et s’en est servi pour son exacte monographie de l’antique Préneste.

En mars 1880, M. Salomon Reinach, qui venait d’être nommé membre de l’École française d’Athènes, voulut profiter de son séjour préliminaire à Rome et de favorables circonstances de famille pour tenter quelques excavations dans un terrain situé entre l’Esquilin et le Cœlius, à l’est du Colisée, au sud-est des thermes de Titus. Nous avons vérifié là ce qui peut passer pour une sorte d’axiome quand il s’agit de Rome. Dans les lieux où le sol romain est resté longtemps découvert, il n’y a rien à chercher, sauf peut-être les indices utiles à la science topographique. Un tel sol a été presque inévitablement fouillé par plusieurs générations ; des murs en ruine, des briques portant inscrites les indications de leur origine ou même des dates de consuls peuvent s’y retrouver, mais non pas des objets précieux. Au contraire, les localités romaines qui n’ont cessé d’être couvertes de constructions réservent probablement de belles surprises à ceux qui les fouilleront un jour : c’est ce qu’on s’attend à voir quand commenceront dans Rome les travaux annoncés pour le prolongement de la Via Nazionale à travers le quartier des Cesarini jusqu’au-devant du palais Farnèse et jusqu’au Governo Vecchio. On se munit déjà de vastes magasins pour abriter tout ce que l’on espère trouver alors de débris ou d’objets antiques. M. Salomon Reinach n’a rencontré que quelques fragmens de briques sculptées et quelques briques à inscriptions non inédites ; il n’en a pas moins reconnu d’importantes parties d’un vaste monument, probablement le Ludus magnus, et M. Lanciani, qui prépare un grand travail sur la topographie romaine, n’a pas manqué d’enregistrer les données nouvelles que cette exploration venait lui offrir.

Pour mener à bien cet important objet des fouilles, et en général tout ce qui concerne l’étude technique des ruines, il est clair que l’Académie de France à Rome doit être pour l’École française un très utile auxiliaire. — C’est une glorieuse et puissante maison, celle qui a donné à notre pays, pour ne citer que les morts, des peintres