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ses fameuses écoles, de Bologne avec Irnerius, de Pérouse avec Bartole, de Pavie avec Alciat. L’Université romaine a recueilli une partie de cet héritage, et à la Sapienza comme dans l’Académie des conférences historico-juridiques, instituée il y a quelques années par Léon XIII au palais Spada, des professeurs éminens continuent d’enseigner le droit considéré sous plusieurs aspects qui sont négligés ailleurs. Un de ces enseignemens, à peine représenté chez nous, est celui de l’épigraphie juridique.

On sait combien de textes spéciaux nous ont été conservés par les seules inscriptions : lois, sénatus-consultes, rescrits, diplômes, contrats, formules du droit sépulcral. Les savans juristes de la renaissance en ont déjà fait leur profit. Aujourd’hui cependant, grâce à l’achèvement du Corpus grec et à la publication du Corpus latin, grâce aux découvertes toujours plus nombreuses, la source épigraphique du droit ancien est devenue singulièrement abondante, elle a révélé des pages inattendues. Si l’on excepte les commentaires de Caius, qui nous ont été restitués par les palimpsestes de Vérone, a-t-on retrouvé de nos jours dans les vieux manuscrits quelques textes de droit qui puissent entrer en rivalité avec ceux que nous ont donnés les bronzes et les marbres ? Certes les fragmens du droit antérieur à Justinien découverts par Angelo Mai, dans les palimpsestes du Vatican sont remarquables ; les actes de promulgation du Code théodosien révélés par ceux de Turin et par un manuscrit de l’Ambrosienne sont du plus haut prix ; il ne faut pas dédaigner les quelques fragmens d’UIpien qu’ont donnés des parchemins servant de couverture à des manuscrits de Vienne, ni ceux d’autres anciens jurisconsultes qu’on a récemment trouvés en Égypte dans les tombeaux. Mais les seules tables de bronze contenant les constitutions municipales du Ier siècle de l’empire que l’Espagne nous a rendues naguère suffiraient à l’emporter, si l’on voulait établir une comparaison.

Ces motifs ont déterminé la présence à l’Ecole française de Rome d’un agrégé des facultés de droit. On a espéré donner de la sorte un encouragement, un signal aux études et à l’enseignement de l’épigraphie juridique en France. Les premiers résultats ont été très heureux. M. Edouard Cuq, professeur agrégé de la faculté de Bordeaux, a publié comme fruit de son séjour à Rome plusieurs mémoires qui ont été fort remarqués, en Allemagne aussi bien qu’en Italie et en France. Le premier, qui date de 1881, et qui forme le 21e fascicule de notre Bibliothèque, est intitulé : de Quelques Inscriptions relatives à l’administration de Dioclétien. Le point de départ de l’auteur est une inscription désormais célèbre, sur laquelle les érudits s’exerceront sans doute longtemps encore.