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LES FALSIFICATEURS
ET LE
LBORATOIRE MUNICIPAL

Parmi les plus remarquables progrès de notre siècle, si fécond en découvertes, il faut assurément compter les progrès accomplis dans l’art de falsifier les alimens, de frelater les boissons, de frauder les octrois. La falsification est devenue un des chapitres les plus intéressans de la chimie.

Autrefois une laitière installée au coin d’une rue puisait à la dérobée un peu de l’eau du ruisseau et la versait dans ses bottes de fer-blanc. Un marchand de vin, enfermé dans sa cave, fabriquait mystérieusement, à la lueur d’une chandelle, des décoctions de bois de campêche. C’étaient là les plus habiles falsificateurs. Mais aujourd’hui la science a porté partout ses lumières. La laitière et le marchand de vin ont marché avec leur siècle. Leur petit commerce est devenu scientifique. Ils peuvent maintenant consulter des dictionnaires et des traités de falsification. Cette branche de nos connaissances est arrivée à son complet développement.

L’estomac des consommateurs ne gagne rien à tous ces progrès. Nous ne conseillons la lecture d’un dictionnaire des falsifications à personne, même quand l’ouvrage est aussi savant et aussi intéressant que celui de M. Baudrimont. Cette lecture pourrait fournir aux négocians des idées nouvelles, et ils ont l’imagination déjà bien