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pas raison de créer une commission scientifique dont les conseils pourraient être demandés par les habitans de plusieurs villes et d’une région étendue ; un laboatoire où se réuniraient, comme au conseil d’hygiène de Paris, quelques savans d’un mérite exceptionnel ? où chaque année, à propos d’affaires graves et douteuses, et dans des cas déterminés, un très petit nombre d’analyses seraient exécutées avec tout le soin et toute la rigueur possibles ; où les moyennes seraient discutées tous les ans et fixées d’après la qualité des récoltes ? Cela n’empêcherait pas les chimistes des laboratoires municipaux, — comme les public analysts anglais, — de trancher une multitude de questions courantes à propos desquelles leur avis ne peut soulever aucun doute. Et, d’autre part, c’est dans ce laboratoire supérieur que des recherches seraient entreprises et que des progrès seraient atteints. On a dit souvent, même au conseil municipal : « Nous ne demandons pas à M. Girard des théories nouvelles et des découvertes. » Et, en effet, M. Girard est assez occupé des six mille analyses qu’il doit faire ou contrôler chaque année. Mais qu’on y prenne garde : si la science ne fait pas de progrès, la fraude en fera. Les procédés usités au laboratoire municipal seront connus et seront déjoués. Nous espérons donc voir un jour, au-dessus des public analysts, un conseil de savans qui leur donnera une direction et soumettra, au besoin, leurs travaux à un contrôle. Tel est en Allemagne l’Office impérial de santé.

En attendant, nous applaudissons à l’institution du laboratoire municipal. Tel qu’il est, il constitue, dans l’intérêt de la santé et de l’honnêteté publiques, un important progrès. Et au nom de tous ceux qui n’aiment ni le vin mouillé, ni les haricots au sel de cuivre, ni l’acide salicylique, nous remercions M. Girard et ses collaborateurs.


DENTS COCHIN.