Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 58.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manuscrits latins et deux du catalogue grec. Les tomes xi et xu latins ont été commencés depuis, et les événemens de 1870 n’ont pas arrêté le travail. Près de quatre volumes in-folio du catalogue général étaient imprimés en 1768 ; un incendie et les événemens de la fin du siècle ajournèrent toute reprise. Il faut se rappeler que la Bibliothèque nationale de Paris elle-même, après avoir imprimé, au milieu du XVIIIe siècle, quatre volumes du catalogue de ses manuscrits, s’est arrêtée et n’a repris ce travail difficile que de nos jours.

Quelle œuvre plus nécessaire cependant pour rendre possibles les recherches en de si vastes dépôts ? Ce fut de bonne heure œuvre pie de la part de tout travailleur admis à la Vaticane de faire connaître ce qu’il y avait appris, soit en consultant, s’il lui avait été possible, les inventaires antérieurs, soit en s’informant un peu à l’aventure, et de donner avec quelque définition les numéros des manuscrits qui lui étaient parvenus. L’École française de Rome eut à cœur tout d’abord de s’associer à cette tâche. Elle compta parmi ses premiers projets d’œuvres en commun celui d’un catalogue raisonné du fonds de la reine Christine. Elle en commença l’exécution en publiant une notice de M. Elie Berger sur vingt-cinq de ses manuscrits, et une étude de M. L. Duchesne sur les manuscrits grecs ayant appartenu jadis au pape Pie II. Nous aurions chaque année ajouté à ce recueil ; c’eût été certainement une œuvre utile aux hommes d’étude. Nous avons dû nous arrêter devant les résolutions nouvelles de la cour pontificale. Léon XIII, dès son avènement, avait décidé de reprendre tout le dessein d’une entière publication. À l’heure qu’il est, selon des informations toutes récentes, le travail d’impression est commencé : le monde savant a la promesse d’un inventaire général des manuscrits de la Vaticane.

Quant au célèbre Archivio-segreto Vaticano, c’est, comme on sait, l’arsenal diplomatique des papes, c’est l’énorme dépôt que le gouvernement français, en 1810, a fait transporter à l’hôtel Soubise, à Paris, et qui y resta jusqu’en 1815 et 1817. On le rendit alors, sauf quelques épaves ; une d’elles se compose de deux mille registres in-folio, contenant non pas, comme on l’a dit, les actes de la congrégation du saint-office, mais les innombrables papiers relatifs à des enquêtes de canonisations toutes modernes ; ils ont trouvé un asile au département des imprimés de notre Bibliothèque nationale. On conçoit aisément qu’une collection comme celle de l’Archivio segreto n’ait pas d’inventaires complets ; mais là aussi, de temps à autre, des savans privilégiés ont accompli de fécondes missions. Notre infatigable La Porte du Theil, grâce au cardinal de Bernis, y a copié dix-sept à dix-huit mille pièces relatives au xme et au XIVe siècle. Pertz y a copié dix-huit cents lettres pontificales, Palaçky y a étudié en dix semaines quarante-six