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Milanesi vient de donner un commentaire de Vasari excellent pour ce qui concerne Florence et la Toscane : il faudra qu’il fasse une nouvelle édition pour profiter des conquêtes de M. Müntz en ce qui concerne Rome. On connaît l’excellent livre du père Marcheso sur les artistes dominicains : il devra continuer, comme il a commencé de le faire dans une réimpression, à enregistrer tant d’indications utiles. C’est à l’aide de ces renseignemens précis que M. le baron Geymüller, dans ses études sur Bramante et Raphaël architecte, a pu suivre pas à pas certains progrès de la construction de Saint-Pierre de Rome. Avec le même secours, M. Léon Palustre, dont l’intéressant ouvrage sur la renaissance met en lumière tant de traits ignorés de notre art français, a signalé dans la cour ovale du palais de Fontainebleau une élégante construction imitée jadis de la tribune de la bénédiction. à Saint-Pierre de Rome. Cette tribune, œuvre élégante du XVe siècle, à laquelle quatre papes s’étaient intéressés, et qu’un artiste tel que Mino de Fiesole avait pris plaisir à décorer, a été détruite lors de la construction de la grande basilique moderne, et ses débris ont été rejoindre dans les grotte Vaticane tant d’autres morceaux précieux en partie dispersés ensuite. Or M. Louis Courajod, le savant et dévoué conservateur-adjoint de la sculpture moderne au Louvre, a pu reconnaître dans nos anciennes acquisitions, avec l’aide des textes cités par M. Müntz, un élégant bas-relief de Mino qui a certainement fait partie de ce petit édifice. M. Courajod, dont les recherches pénétrantes ont effacé bien des erreurs de nos anciens catalogues, s’est servi des discussions du même auteur pour réfuter et détruire l’attribution traditionnelle à Paolo Romano du tombeau sculpté de Robert Malatesta, Vasari est d’une confusion qui serait restée longtemps encore inextricable sur le compte des deux Paolo Romano, comme sur Baccio Pontelli, auquel il prête tant d’œuvres à la fois. Le livre de M. Müntz, mis à profit comme il convient par d’habiles critiques en présence même des monumens, permet d’en finir dans nos musées et dans l’histoire avec tant de causes de désordre.

Nous n’avons pas encore, dans le tableau des Arts à la cour des papes, les premières années du XVIe siècle ; mais l’histoire du XVe, considérée uniquement dans Rome, y a beaucoup de prix. Le gouvernement pontifical a-t-il été favorable aux arts ? La vue immédiate des grands débris de l’antiquité a-t-elle exercé sur l’école romaine quelque influence visible ? Y a-t-il eu une école romaine, que l’on puisse distinguer des brillantes écoles que connaissait déjà l’Italie ? Ces divers problèmes, à la solution desquels une enquête aussi savante que celle de M. Müntz ne manque pas d’apporter beaucoup d’élémens, donnent à son livre un intérêt général,