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UN
CHANGEMENT DE REGNE

LES MORT DE CATHERINE II ET L'AVENEMENT DE PAUL Ier.

Vous n’avez pas de fauteuil à la comédie, ce soir ? Ou bien la comédie qu’on donne est médiocre, mal inventée ? Consolez-vous, si vous avez sur vos rayons des livres d’histoire. C’est le répertoire inépuisable de la grande farce humaine, le chef-d’œuvre de pathétique et d’ironie dont l’action ne s’est pas ralentie un jour depuis que le rideau du firmament est levé sur ce vieux théâtre. Les livres d’histoire sont comme les hommes d’état qu’ils racontent ; à qui ne les a pas fréquentés, ils apparaissent de loin sévères, gourmés, tous occupés de vastes desseins, dignes de ce respect qui habite au-dessus de l’ennui. Il ne faut s’effrayer ni des in-folio ni des potentats. Insinuez-vous dans leur particulier, tirez les masques d’emprunt, regardez sous la majesté des phrases et des habits de cérémonie ; vous verrez que ces grands compagnons ont faits de votre pauvre et mauvaise chair, qu’ils pleurent et rient comme vous. La vie serait bien amusante pour qui pourrait vivre sans autre intérêt que la curiosité, sûr d’être toujours spectateur, jamais acteur : eh bien ! l’histoire n’est autre chose que la vie continuée en arrière et désormais sans prises menaçantes sur le spectateur. Comme la vie, c’est une romantique effrénée, sans respect pour la séparation classique