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stances si exceptionnelles, si favorables que, si elles se rencontraient, une descente en Angleterre serait tout aussi réalisable aujourd’hui. M. Bright s’est élevé avec une verve un peu libre contre les craintes chimériques des « grandes autorités militaires, » des soldats troublés dans leur sommeil par des rêves d’invasion, et il a énergiquement mis en lumière l’intérêt d’une communication dont l’Angleterre après tout peut profiter encore plus que la France. M. Bright a eu le courage d’avouer ses opinions et de braver les passions qui semblent régner dans certaines sphères anglaises. On lui a répondu en essayant de tourner contre lui le sentiment national un peu excité pour cette affaire du tunnel de la Manche, comme pour l’affaire du canal de Suez. Et cependant, en cela, M. Bright a parlé en vrai politique, et au fond, selon toute apparence, le ministère ne pense pas autrement que lui sur les relations nécessaires des deux pays. Après tout, si la France est intéressée à s’assurer l’amitié de la nation anglaise, l’Angleterre a aussi son intérêt à garder l’amitié de la France, et ce n’est pas la peine de faire tant de bruit pour quelques questions qui n’atteignent en rien la grandeur britannique.

CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.




La situation est toujours la même : quelques baissiers, auxquels tout a réussi depuis plusieurs mois et qui sont d’autant plus forts qu’ils ont largement gagné, par une série de liquidations favorables à leurs desseins, les moyens de poursuivre longtemps la campagne, tiennent en échec toute la place et défient toute reprise. Ils ont pour eux la réserve persistante du public capitaliste, l’abstention prudente de la haute banque, l’anéantissement de cette spéculation moyenne qui vivait autrefois de la hausse continue des valeurs, de l’amélioration graduelle du crédit public, de l’accroissement de la fortune générale et du développement de l’esprit d’entreprise.

Aujourd’hui la dépréciation lente a remplacé la hausse ; le crédit public a subi d’assez fortes atteintes par suite des difficultés budgétaires, des illusions déçues, des déficits remplaçant les plus-values, et finalement de la conversion ; la fortune générale a été diminuée au moins nominalement par les conséquences prolongées du krach finan-