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purement historiques. C’eût été assez, selon moi, de constater les idées et les croyances dont les monumens écrits ou figurés des catacombes de Rome portent témoignage sans en faire le point d’appui d’une argumentation qui ne parait pas toujours péremptoire, malgré l’appel sommaire qu’on fait aux textes des écrivains de l’église plus ou moins contemporains de ces temps reculés.

Il ne m’en coûte pas, après cela, de reconnaître la patience, l’étendue des recherches et la parfaite sincérité de M. Roller. Quoi que vaille sa polémique, on ne peut nier la sûreté et l’abondance de ses informations. Il a placé, en somme, sous les yeux des lecteurs, dans ses deux beaux volumes, toutes les pièces figurées ou épigraphiques qu’on a tirées des catacombes de Rome ou qui y demeurent encore. On peut disputer de la valeur et de la portée des commentaires dont il accompagne les monumens, ou de la date ordinairement approximative qu’il leur assigne, ou du symbolisme excessif, à mon sens, qu’il leur prête parfois, mais ces monumens sont là chacun à côté du texte qui s’y rapporte et de l’interprétation qu’il en fait, dans l’état où les meilleurs explorateurs les ont copiés, et, quand il était possible, dans des images prises directement par la photographie d’après les originaux eux-mêmes. Par là, le livre de M. Roller, pour ceux mêmes qui n’en admettraient pas toutes les conclusions doctrinales, peut rester un très précieux instrument d’études, en tant que fidèle témoin des choses mêmes.


II

J’ai exprimé le doute qu’il y eût à proprement parler une doctrine dans les catacombes de Rome, soit dans les monumens figurés, soit dans les épitaphes. J’exprimerais volontiers le même doute à propos de l’art. On a trouvé dans ces cryptes nombre de fresques, de marbres gravés ou sculptés. Ces monumens, encore une fois, ne sont pas vides de sens chrétien, mais ils n’ont pas grand’chose à faire avec ce qu’on appelle précisément le dogme. De même les peintures, les stucs et les marbres sont plus ou moins beaux et expressifs, mais d’abord on peut croire, comme M. Roller le dit quelque part, que la préoccupation esthétique, à savoir la recherche de la beauté et de l’harmonie des formes, fut en général étrangère à leurs auteurs. En second lieu, ces monumens figurés ne révèlent pas l’avènement d’un art nouveau, original, sui generis. L’art que le christianisme a particulièrement marqué de son empreinte, c’est l’art byzantin, qui se montre à peine dans les peintures les plus tardives des catacombes. Dans les quatre premiers siècles, le christianisme n’a ni transformé ni renouvelé l’art. Les cimetières