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combustion des alimens assimilés et entraînés dans la circulation, que l’oxygène respiré transforme en acide carbonique et en eau. Les combustions élèvent la température du sang, et le liquide chaud, qui pénètre partout, réchauffe l’organisme à peu près comme une maison est chauffée par un calorifère à eau. L’activité de la respiration, et la consommation d’oxygène, se ralentit pendant le sommeil ; elle s’accroît, au contraire, quand nous prenons de l’exercice, une partie de la chaleur produite étant alors transformée en travail mécanique. On peut admettre que les poumons d’un homme adulte qui ne prend que peu d’exercice reçoivent par vingt-quatre heures 10 mètres cubes d’air et absorbent environ le quart de l’oxygène contenu dans cet air, soit 650 grammes d’oxygène. La chaleur dégagée par les actions chimiques qui en résultent peut s’élever, en moyenne, à 2,000 ou 3,000 calories ; elle suffirait pour porter à l’ébullition de 20 à 30 litres d’eau, ou pour faire monter de 3 degrés par heure la température du corps. Depuis sa naissance jusqu’à sa mort, l’homme doit ainsi, sans repos, faire aller les soufflets qui entretiennent le feu au foyer de la vie.

En dépit de cette incessante production de chaleur sensible, qui, selon les circonstances, peut augmenter ou diminuer de 50 pour 100, la température du corps reste à peu près invariable. Dans l’état de santé, elle est toujours très voisine de 37 degrés, et c’est tout au plus si l’on observe des variations de 1 degré en plus ou en moins. Et cependant nous savons que, dans certaines régions du globe, les températures moyennes mensuelles présentent des écarts qui peuvent aller à 64 degrés : à Yakoutsk, en Sibérie, les températures moyennes des mois de janvier et de juillet sont respectivement de — 42° 8 et de + 18° 8 ; à Verkhoïansk, elles sont de — 49°0 et de + 15° 4. On a noté, à Yakoutsk, au mois de janvier, un minimum de — 62° 0 et au mois de juillet un maximum de + 38° 8 ; à Verkhoïansk, — 63° 2 en décembre et + 30° 1 en août[1]. Ainsi, l’écart des températures extrêmes observées à Yakoutsk dépasse 100 degrés. Mais l’écart des extrêmes que l’homme peut supporter est beaucoup plus grand si l’on tient compte des maxima qui ont été observés dans quelques lieux du globe. Dans un village des bords de la Mer-Rouge, MM. Ferret et Galinier ont observé, six jours de suite, au mois d’août 18Ù2, des températures comprises entre 45 et 50 degrés[2]. Ritchie et Lyon ont noté 56 degrés, à l’ombre de l’oasis de Mourzouk ; Sturt, 54 degrés près de la

  1. Wild, Temperaturverhältnisse des Russischen Reichs.
  2. Ces températures se développent aussi quelquefois dans l’intérieur des navires qui parcourent la Mer Rouge, et il en résulte de graves accidens.