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lequel il introduisait dans la boule un thermomètre enveloppé de la substance à examiner. La boule était plongée d’abord dans l’eau bouillante, puis dans un mélange réfrigérant, et l’on notait le temps que le thermomètre mettait à descendre de 70 degrés à 10 degrés Réaumur, en d’autres termes à perdre 60 degrés Réaumur (75 degrés centigrades). Il nous suffira de citer quelques-uns de ses résultats. Quand le thermomètre était à nu, il se refroidissait en 9 minutes 1/2. Lorsqu’il était recouvert de toile, le refroidissement demandait 13 minutes. Avec des enveloppes formées d’autres substances, il fallait des temps de plus en plus longs : fil de lin ou de coton, 14 ou 15 minutes ; fil de soie ou de laine, 15 ou 16 minutes ; charpie de toile, bourre de coton, 17 minutes ; laine de mouton, 18 minutes 1/2 ; soie grège, 21 minutes ; édredon, poil de lièvre, 22 minutes.

Ces expériences furent répétées, avec quelques modifications, par Senebier, et plus tard par Bœckmann (1812). On doit à ce dernier quelques observations sur le refroidissement, à l’air libre, de boules de bismuth ou d’argent, recouvertes tour à tour d’enveloppes de crêpe, de taffetas, de mousseline, de flanelle, de peau de daim, de duvet ; les trois premiers tissus ont donné sensiblement les mêmes résultats, et la couleur des étoffes s’est montrée à peu près sans influence ; la flanelle, la peau et surtout le duvet ont paru retarder le refroidissement. Une série d’expériences instituée en 1833 par James Starck, avec l’appareil de Rumford, a donné pour la laine noire des durées de refroidissement ou de réchauffement beaucoup plus courtes que pour la laine blanche ; mais il est difficile de dire si ces différences sont dues à la couleur de la laine ou bien à la nature du pigment employé, au mode d’apprêt, etc. En cherchant à coordonner les résultats de ces expériences anciennes, plus nombreuses que précises, on rencontre tant de contradictions qu’on renonce à en tirer des conclusions pratiques. Il est trop clair que l’épaisseur des étoffes, et surtout leur texture, exercent ici une influence plus grande que celle qui est attribuée à la matière dont elles sont faites, ou à leur couleur. En outre, ces expériences sur la perméabilité dès tissus manquent de netteté en ce qu’elles ne permettent pas de démêler ce qui est dû à la conductibilité des matières employées et ce qui dépend de leur pouvoir émissif, c’est-à dire de la nature des surfaces.

On doit à M. Coulier[1] de nouvelles recherches sur cette matière qui ont donné quelques résultats intéressans. M. Coulier observait le refroidissement d’un vase cylindrique de laiton mince, recouvert

  1. Expériences sur les étoffes qui servent à confectionner les vêtemens militaires (Journal de physiologie, 1858. — A. Proust, Traité d’hygiène, p. 514.)