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Nous nous étonnons parfois de voir les indigènes de quelques pays chauds surchargés de vêtemens de laine : l’Arabe toujours enveloppé dans son burnous, le paysan espagnol toujours drapé dans les plis de son manteau couleur tabac. Ces vêtemens les protègent à la fois contre les rayons du soleil et contre la fraîcheur des nuits : ce sont d’excellens régulateurs de la chaleur. C’est une dangereuse imprudence, lorsqu’on veut voyager dans les contrées méridionales, de ne pas se munir de vêtemens chauds.

Babinet, pour juger a priori du mérite relatif des diverses étoffes, se place à un point de vue particulier. « Les fibres textiles des végétaux, dit-il, ne sont pas, dans la nature, des vêtemens de plantes ou d’animaux ; elles font partie de la plante elle-même, elles n’avaient donc pas besoin d’être isolantes et préservatrices du froid. Passons au coton : c’est déjà le vêtement de la graine d’une plante ; cette substance doit donc être déjà un peu plus préservatrice. Elle est moins conductrice que les filamens qu’on extrait des plantes ligneuses. La soie, qui enveloppe un insecte dans une de ses transformations, habille un être vivant ; de là sa plus grande propriété vêtante. » La laine, les poils, le duvet, étant de chauds vêtemens donnés par la nature à une foule d’animaux, il s’ensuit encore qu’ils sont prédestinés à fournir la matière de nos habits. Au contraire, les fibres minérales de l’amiante, dont on a fait des toiles incombustibles, le byssus de certains coquillages, et notamment la belle soie nacrée de la pinne-marine, dont on fait en Sicile des châles, des gants et des bas, toutes ces matières, qui ne sont pas créées pour servir de vêtement, fournissent des tissus très frais. Il y a dans cette théorie une part de vérité ; mais il ne faut pas oublier que l’industrie fait subir aux matières en. question des transformations qui en modifient profondément les propriétés naturelles.

La coiffure achève le vêtement, comme le toit couronne la maison. Elle préserve la tête de l’insolation ou du froid, la protège contre les accidens. Mais je ne sais s’il faut prendre au pied de la lettre la condamnation sommaire que M. Bouchardat prononce contre nos couvre-chefs lorsqu’il ajoute : « A part ces conditions, dans nos pays tempérés, la meilleure coiffure est de n’en point avoir, comme il était d’usage chez nos aïeux les Gaulois. Jusqu’à l’âge de vingt ans, je n’ai porté aucune coiffure, et je n’ai pas eu à m’en repentir. » Contentons-nous de dire que la coiffure doit être légère et bien aérée. D’après les expériences de M. Troupeau, les coiffures de forme conique et arrondie sont plus fraîches que les coiffures à fond plat, et préférables dans les pays chauds. Le chapeau de soie, de haute forme, s’il n’est guère pittoresque, est cependant une coiffure éminemment hygiénique, appropriée à nos climats d’Europe ; il recouvre la tête d’une couche d’air qui la protège efficacement. Quant à la coiffure