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dégagement, fixé au cœur du bloc, qui traverse le sommet de la cloche ; on peut l’allumer à l’extrémité de ce tube au bout d’un temps qui dépend de la porosité de la pierre. Le second procédé consiste à plonger le tube dans une éprouvette remplie de liquide : le liquide monte dans le tube en chassant l’air qu’il contient, et il y monte d’autant plus haut que la pierre est plus perméable. M. Poincarré, professeur d’hygiène à la faculté de Nancy, a étudié, de son côté, l’hygroscopicité de diverses espèces de pierres et de cimens, en plongeant les échantillons, ramenés tous au même volume, dans un bain d’eau d’une faible profondeur, et en déterminant l’augmentation de poids due à l’absorption du liquide. Il a constaté, à cette occasion, que les vernis hydrofuges offrent moins de sécurité qu’on n’est généralement porté à le croire.


IV

Si le renouvellement de l’air est indispensable pour éviter l’humidité des habitations, il l’est surtout pour empêcher l’accumulation des impuretés de toute sorte qui finiraient par rendre l’air impropre à la respiration. Il s’agit donc de savoir à quel signe on reconnaît qu’une atmosphère est viciée, et quel est le volume d’air irais dont un homme a besoin pour respirer librement dans une enceinte fermée.

L’air ordinaire renferme (en volumes) 21 parties d’oxygène et 79 d’azote, avec 0,03 d’acide carbonique ; l’acide carbonique ne s’y trouve donc que dans la proportion de 3 pour 10,000. C’est la moyenne des résultats obtenus depuis cinq ans à l’observatoire de Montsouris, qui varient entre 0,00024 et 0,00036. Pour l’intérieur des villes, il suffira d’adopter le chiffre encore très faible de 0,0004. La quantité d’acide carbonique que produit journellement la respiration des habitans d’une grande ville, et la quantité encore bien plus considérable qui provient du combustible employé, représentent pourtant des millions de mètres cubes ; si l’air n’en est pas sensiblement vicié, c’est grâce à la mobilité de l’atmosphère, qui est continuellement brassée par les vents. Il en va de même de l’influence hygiénique de la végétation, qui détruit l’acide carbonique en y puisant son carbone, et dégage l’oxygène : elle ne modifie guère la composition chimique de l’océan aérien, qui reste partout la même. Nous pouvons donc admettre que la proportion d’acide carbonique dans l’air libre ne dépasse pas 0,0004.

Voyons maintenant ce qui se passe dans une enceinte fermée, telle qu’un dortoir, une salle d’école, un lieu de réunion publique. L’air s’altérant d’une manière progressive par la diminution de l’oxygène, par les exhalaisons pulmonaires et cutanées, si la