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la préférence à ce mode de ventilation. Le chauffage s’opère dans de grandes cheminées ouvertes : chaque salle en possède au moins une, quelquefois trois ou quatre ; il y a des cheminées allumées jusque dans les corridors, les escaliers, les vestibules d’entrée. En été comme en hiver on y fait du feu, au moins dans la cheminée de l’office, et toujours les fenêtres sont largement ouvertes. En Angleterre, on n’use que par exception d’appareils ventilateurs mécaniques ou autres : l’air, appelé par le puissant tirage des cheminées, entre par les jointures des portes et fenêtres. Les malades jouissent ainsi de la vue du feu, de l’utile impression du rayonnement direct ; ils se groupent autour des foyers et respirent un air qui n’a pas été modifié par le contact de surfaces de chauffe, de conduites brûlantes. » Peut-être même va-t-on parfois trop loin dans cette voie. « L’importance de l’air pur, dit M. Proust, a été peut-être exagérée, dans certains cas, par les médecins anglais, dont les Américains ont suivi l’exemple. Il convient, d’après eux, de laisser toutes grandes ouvertes, et par n’importe quel temps, les fenêtres des dortoirs, des casernes et des chambres à coucher pendant la nuit. Ce précepte, presque universellement suivi dans les pays que nous venons d’indiquer, présente, à notre avis, de grands inconvéniens. » Il y a, en effet, quelque danger à s’exposer au froid pendant le sommeil. Je dois ajouter qu’à ma connaissance l’habitude de dormir avec les fenêtres ouvertes est loin d’être générale en Angleterre.

L’étude des questions de chauffage et de ventilation a fait de sérieux progrès en France depuis quinze ou vingt ans. La construction de nombreuses salles d’école, notamment, a été l’occasion naturelle d’une série d’améliorations qui méritent d’être louées. Malgré tout, il reste beaucoup à faire. « Les règlemens sur les constructions, disent MM. Napias et Martin[1], sont imparfaits ; ils ne répondent guère aux besoins de l’hygiène, dont on s’est trop peu préoccupé jusqu’ici. » A Paris, la commission des logemens insalubres a préparé un règlement nouveau qui, remanié plusieurs fois, sera sans doute prochainement adopté. Il s’agit de modérer la hauteur des maisons, de la proportionner à la largeur des voies, de fixer l’élévation minimum des étages, la surface minimum des cours, etc. Bien des points restent à étudier et à mettre en lumière. Ainsi M. le docteur Layet, dans un intéressant travail sur les habitations rurales, a signalé le rapport qui existe entre le nombre d’ouvertures que vise l’impôt des portes et fenêtres et la mortalité. La moyenne générale, pour la France, du nombre d’ouvertures par habitant est 11/2. Or, sur 100 départemens où ce chiffre

  1. L’Étude et les Progrès de l’hygiène en France de 1878 à 1882.