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est inférieur à la moyenne, 55 présentent une mortalité supérieure, 45 une mortalité égale à la mortalité générale ; au contraire, sur 100 départemens où le chiffre d’ouvertures est supérieur à la moyenne, 69 offrent une mortalité inférieure à la mortalité générale, et 25 seulement une mortalité supérieure.

Un autre point qu’on oublie trop facilement, c’est que, comme les murs, les planchers sont perméables à l’air. L’atmosphère ne s’arrête pas au niveau du sol, elle se continue encore jusqu’à une certaine profondeur. Les terrains les plus compacts renferment un volume appréciable d’air, tout aussi bien qu’une quantité sans cesse changeante d’humidité. En versant de l’eau dans un vase rempli de gravier bien tassé, on déplace l’air qu’il contient, et l’on s’assure que cet air occupe ordinairement un tiers du volume total. La porosité de la terre atteint quelquefois 50 pour 100. N’a-ton pas vu des mineurs ou des puisatiers, ensevelis par accident sous un écoulement de terrain, résister pendant plusieurs jours, grâce à l’air qui traversait les murs de leur prison ?

Le sol poreux ne devient imperméable à l’air qu’au-dessous du niveau où s’arrête la nappe d’eau souterraine. La terre gelée ne perd pas sa porosité par la solidification de l’eau. Entre l’air souterrain et l’atmosphère libre il se fait des échanges incessans. C’est ainsi que les infiltrations du gaz de l’éclairage peuvent imprégner le sol d’une rue, pénétrer dans les maisons et causer des accidens qui seront à tort attribuées à des affections typhoïdes ; c’est surtout en hiver que les gaz du sol s’insinuent aisément dans un rez-de-chaussée, appelés par le tirage les cheminées. La ventilation se fait donc en partie par le plancher ; l’atmosphère d’une chambre contient parfois de 10 à 15 pour 100 d’air souterrain. On doit à M. Renk d’intéressantes observations sur ces courans ascendans. De là le danger des immondices absorbées par le sol : elles remontent, revenans implacables, du fond de la terre, comme châtiment de notre incurie.

L’air confiné dans la terre végétale, et en général dans un sol riche en matières organiques, contient toujours une forte proportion d’acide carbonique. En même temps l’oxygène diminue, ce qui prouve que l’acide carbonique provient de combustions lentes, et non d’émanations souterraines. D’après les observations de Pettenkofer, de Fieck, de Fodor, la proportion d’acide augmente avec la profondeur : à quelques mètres au-dessous de la surface, elle dépasse quelquefois 10 pour 100. Cette présence de l’acide carbonique dénote l’activité de la vie dans le sol. Nous ne savons pas au juste de quelle manière le sol et le sous-sol interviennent dans l’étiologie de certaines maladies endémiques et dans l’éclosion des épidémies ; c’est un sujet fort controversé. On doit toutefois approuver les hygiénistes