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commission des chemins de fer et par une reprise vigoureuse de la campagne de hausse sur les valeurs de la compagnie de Suez.

La commission des chemins de fer a compris qu’en s’obstinant dans sa politique, elle ne serait soutenue ni par l’opinion publique ni par la majorité de la chambre. Déjà un groupe important de l’assemblée devait interpeller le gouvernement sur les causes du retard apporté au dépôt du projet de loi relatif à l’établissement du budget extraordinaire pour 1884. C’était fournir au ministère une belle occasion de dénoncer à la tribune les lenteurs calculées de la commission et de déjouer les menées de ses adversaires. Le cabinet avait, en outre, déclaré son intention de demander à la chambre de siéger jusqu’à ce que les conventions fussent votées, dût-on pour cela reculer l’époque des élections départementales et de la session des conseils généraux, ou de laisser la chambre partir à la date habituelle, mais de la rappeler en pleines vacances, dès les premiers jours de septembre. La question s’étant posée nettement dans ces termes, la commission a capitulé. En quelques séances, elle a voté, comme au pas de course, les cinq conventions, émis quelques vœux relativement aux tarifs et désigné son rapporteur, qui vient de terminer son travail et d’en saisir la chambre. Lundi prochain, 16 juillet, la discussion publique s’ouvrira. Si, comme tout le fait présumer, le gouvernement triomphe du dernier effort qui va être fait pour un ajournement dû débat après les vacances, la discussion même ne sera guère qu’une formalité, et on peut tenir les conventions pour votées.

Pendant que la question des conventions prenait ainsi une tournure favorable, celle du second canal de Suez s’acheminait également vers une solution équitable pour les deux parties en cause, la Compagnie et le gouvernement anglais. L’agitation provoquée au-delà du détroit par un groupe d’armateurs en faveur de la construction d’un second canal de Suez, exclusivement dû à des capitaux anglais et exploité par des Anglais, a décidé le conseil d’administration à entreprendre, dès maintenant, une tâche qu’il avait réservée pour un avenir moins rapproché, celle de parer à l’insuffisance des moyens actuels de navigation par le canal. M. de Lesseps a présenté au gouvernement anglais des propositions positives en vue de la construction d’un second canal. Le gouvernement anglais exige l’abaissement des droits de transit par le canal et une représentation plus large des intérêts anglais dans le conseil d’administration. C’est sur ces divers points qu’une entente s’est établie entre M ; Gladstone et M. de Lesseps dans le court voyage que celui-ci vient de faire au-delà du détroit. Il y aura plus d’Anglais dans le conseil que par le passé. Les droits de transit seront peu à peu réduits de 10 à 5 fr. par tonne, à mesure que les recettes nettes atteindront des niveaux déterminés ; enfin, la Compagnie construira elle-même le second canal avec des capitaux fournis par le gouvernement