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société avec laquelle ils traitent; ils échappent ainsi à l’influence des faux bruits, des médisances auxquels tout établissement est exposé, ils lui sont plus fidèles et lui laissent plus aisément leur argent que le public étranger aux affaires et si facilement impressionnable. En cas de panique irréfléchie, les porteurs de comptes courans sont plus fermes que les porteurs de bons à vue. Dans les dernières crises, le Comptoir d’escompte a profité de sa spécialité en ce genre.

La Société générale pour favoriser le développement du commerce et de l’industrie en France ne semble pas justifier tout d’abord le nom qu’elle porte. Bien qu’en dernière analyse, le commerce et l’industrie de la France tirent de grands avantages de l’activité qu’elle déploie, c’est principalement comme société de dépôts, collecteur de l’épargne, et administrateur de la fortune mobilière du public, que ce grand établissement a conquis la réputation dont il jouit. Avant tout il a tenu à ouvrir : 1° des comptes de chèques, c’est-à-dire des comptes de dépôts remboursables à vue, qui permettent au public de payer avec un simple papier tout achat, toute dépense, et de substituer cette monnaie à l’argent; 2° d’émettre des bons à échéance, c’est-à-dire de donner aux capitaux sans emploi immédiat un mode de placement plus ou moins rémunérateur selon le délai de l’emprunt; 3° de recevoir des titres de valeurs mobilières plus en sûreté dans des caisses ad hoc que dans les maisons particulières, dans les cachettes du laboureur et de l’ouvrier, et enfin de faire sur ces titres toutes les opérations qu’ils comportent. A cet effet, la Société générale a multiplié dans Paris ses bureaux de quartier, dans nos départemens ses agences, et a ouvert même une succursale à Londres. Elle n’a pas échappé à d’injustes attaques d’abord, et au contre-coup des dernières crises qui atteignaient tous les établissemens financiers, mais elle a résisté victorieusement, elle n’a cessé d’étendre ses opérations qui, conduites dans un grand esprit de sagesse, lui ont conservé aux yeux du public une popularité de plus en plus justifiée. En 1872, dans notre travail sur les diverses sociétés parisiennes, le chiffre de ses dépôts n’était inscrit que pour 122 millions; dès le premier trimestre de 1883, il en atteignait 261. La Société générale a donc passé sans dommage les jours difficiles. Le passé lui donne raison, et l’avenir justifiera de plus en plus sa conduite.

Le Crédit lyonnais a marché dans ces dernières années à pas plus rapides qu’au début. Il avait longtemps restreint ses opérations à l’agglomération lyonnaise et aux départemens qui l’avoisinent, puis il s’est établi à Paris, et bientôt son action ne s’est pas bornée à nos deux grandes villes françaises, ni même à nos départemens. Elle s’est