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Peut-être enfin des variations séculaires se produisent, mais trop peu de temps s’est écoulé depuis que l’on a commencé à faire des observations sérieuses et suivies pour qu’on ait pu démêler une loi qui se manifestera sans doute quelque jour.


IV.

Dans les derniers mois de l’année 1878, M. Nordenskiöld;, hivernant près du détroit de Behring, remarqua la présence, toutes les nuits où le clair de lune n’était pas trop vif et où les nuages ne masquaient pas le côté nord de l’horizon, d’une sorte d’arc faiblement lumineux, ayant son sommet dans la direction nord-nord-est. Très régulier de forme et de courbure, cet arc reposait sur un segment de cercle borné lui-même par l’horizon. Le météore avait en moyenne 10 degrés de flèche et embrassait environ 90 degrés, c’est-à-dire le quart de l’horizon; sa limite inférieure tranchait d’une manière apparente sur le « segment obscur, » probablement par contraste. Au contraire, son pourtour extérieur était moins net, ce qui rendait difficile la mesure exacte de son, épaisseur, évaluée approximativement à 5 degrés.

La lumière de l’arc était calme et uniforme, sans apparence de rayons ; elle était, au reste, assez médiocre, ainsi que nous l’avons déjà dit. Rien de comparable aux draperies, aux fusées éclatantes, aux stries des aurores scandinaves. Probablement bien des savans ne se seraient pas donné la peine d’étudier un phénomène aussi peu intéressant en apparence. M. Nordenskiöld, au contraire, le suivit jour par jour, nota toutes les particularités qu’il put recueillir et arriva aux conclusions suivantes.

Au-dessus du globe terrestre et à une distance d’environ 400 kilomètres est située une couronne lumineuse permanente, ou peu s’en faut. Cette couronne cerne le globe tout entier sans que sa direction coïncide avec celle des parallèles, car elle est excentrique au pôle nord, tandis que son centre correspond sensiblement avec le pôle magnétique. On sait que celui-ci s’écarte du pôle nord et marque le point où l’aiguille d’inclinaison reste verticale. Ajoutons que le plan de la couronne est perpendiculaire au rayon terrestre passant par ce dernier point.,

Ainsi, notre globe possède un anneau comme Saturne, à certaines différences près cependant. L’anneau de cette dernière planète entoure l’équateur ; le nôtre, incomparablement plus petit, ne couvre qu’une bande étroite des régions polaires, bande dont le centre est assez éloigné du pôle nord. Les habitans de l’équateur de Saturne, — s’il