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zénith. Mais, bien que le météore soit là plus rapproché du sol que nulle part ailleurs, il n’est plus a percevable. Il n’y a rien cependant de paradoxal dans ce fait, car sa faible épaisseur le rend transparent. Extérieurement à cette dernière zone qui lui est concentrique, une autre circonscription jouit de la vue de l’arc, placé obliquement vers le nord magnétique. Enfin, plus loin, l’arc rasant l’horizon cesse d’être visible. Ajoutons enfin, pour terminer, que bien avant d’avoir atteint cette limite géométrique, le phénomène est dissimulé déjà par les brouillards de l’horizon et aussi par la forte épaisseur d’atmosphère que les rayons visuels ont à traverser. L’arc, dit M. Nordenskiöld, tel que nous l’avons observé, n’aurait pu être discerné s’il eût été seulement moins lumineux de moitié.

Le météore est relativement immobile, mais pourtant il n’est pas rigoureusement immuable, sans parler des lentes variations de son rayon, de son épaisseur, des oscillations qui déplacent son centre, mouvemens dont il sera curieux plus tard d’étudier les lois, l’arc lumineux monte, baisse, s’éteint dans l’intervalle de quelques heures. Son éclat, généralement uniforme, est parfois rehaussé par des « nœuds de lumière » qui se balancent d’une extrémité à l’autre. Souvent même un second arc sensiblement parallèle au premier prend naissance : d’après les observations de M. Nordenskiôld, il est presque toujours concentrique à l’arc ordinaire et situé dans le même plan que lui, mais plus loin de la surface du globe. Parfois aussi les deux arcs se soudent; d’où résulte une aurore boréale en forme de tranche (skifformade), c’est-à-dire aplatie dans le sens vertical. Il n’est pas rare que des arcs supplémentaires interviennent, et fréquemment des rayons lumineux jaillissent entre les deux arcs et dans l’espace indéfini extérieur, mais presque jamais en dedans du plus petit.

Qu’on imagine enfin le phénomène se compliquant de plus en plus, en perdant de sa régularité, les arcs s’élevant sur l’horizon, les rayons se multipliant, jaillissant au milieu des courbes de manière à illuminer l’espace vide, s’élançant vers le sud magnétique dans des directions peu obliques, ou parallèles au globe terrestre[1], et voilà l’aurore boréale vulgaire passablement expliquée. A l’intérieur de la projection de la couronne, vers le pôle magnétique, se trouve au contraire une zone d’où l’on peut contempler les aurores dans la direction du sud, et, plus près encore de ce pôle, le météore n’éclaire que rarement l’horizon. Des voyageurs (Hayes par exemple)

  1. Cependant M. Nordenskiöld estime que l’orientation des rayons dans l’espace est très difficile à apprécier exactement.