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D’autres fois, ils ont dessiné ce qu’ils voyaient, et quand nous connaissons la plante, nous identifions sans peine la figure. Ce n’est pas un mince éloge à leur adresser, surtout quand on songe à la prodigieuse quantité des dessins qu’ils ont produits, et non seulement dans les multiples éditions du Pen-ts’ao. Dès la dynastie des Liang, au VIe siècle de notre ère, il existait déjà deux volumes de planches destinés à l’illustration da Rh’ya, dictionnaire des termes employés dans les textes anciens, et attribué à Chou-Kung, lequel vivait vers 1100 avant Jésus-Christ. Ces dessins sont dus à l’érudit Kuo P’o, qui, vers la fin du m’siècle, fixa à peu près l’état actuel de ce texte de l’antique science chinoise.

Un lecteur désireux de scruter davantage ce qui concerne les éditions successives de ce vieux classique pourra consulter le Chinese Repository, t. XVII, 1869, p. 169. Il y lira dans la préface écrite par Kuo P’o (le même qui s’est fait connaître par l’exposition de la doctrine religieuse du Tao) que le Rh’ya est « la fontaine de la science, le jardin des belles fleurs » (c’est-à-dire aussi des belles-lettres ; la comparaison indique le goût des Chinois pour la botanique). Le même lecteur, que nous supposons doué d’une si honorable curiosité, devra examiner, s’il veut se faire une idée du nombre de plantes connues par les naturalistes chinois et désignées dans leurs livres, non-seulement les éditions successives du Pen-ts’ao et du Rh’ya, mais encore le K’ün-fang-pu (Trésor de botanique), publié en 1630 par Wang-siang-tsin, en trente livres seulement, et réédité en 1708, par ordre de l’empereur, en cent livres, sous le titre de Konang-K’ün-fang-pu (Nouveau Trésor de botanique) ; le Tou-chou-tsi-tcheng (1726), vaste compendium de la littérature chinoise, dont la partie botanique seule comprend trois cent vingt livres, et les ouvrages d’agriculture, et encore les traités de géographie, dans lesquels sont intercalés de longs détails sur les productions naturelles de chaque province. L’un d’eux a même perdu la forme géographique ; nos botanistes l’appelleraient une flore locale, Ki-Han, qui était ministre d’état sous l’empereur Hui-Ti (290-307 après J.-C), et qui avait gouverné la province de Canton, publia, en effet, un traité dont le titre signifie à peu près Examen de la flore du sud. Il mentionne en passant bon nombre de types d’une flore plus septentrionale. On y distingue plus de soixante-dix espèces parfaitement connues, et dans ce nombre plus d’une plante non spontanée en Chine, ce qui prouve que, dès cette époque reculée, on s’était occupé dans ce pays de l’introduction des végétaux utiles.

En effet, dès l’an 139 avant Jésus-Christ, le grand empereur Wu-Ti, le ; même qui ouvrit a l’est des relations avec le Japon, envoya à l’ouest un ambassadeur chez les Youë-tchi, peuple établi alors le long des rives de l’Oxus. C’est le même encore qui soumit