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le corus marque le nord-ouest ; le zéphiros n’a pas changé: il indique toujours le vent d’ouest ; le sud-ouest s’appelle indifféremment l’africus ou le libs ; l’ouest-nord-ouest, le favonius ou le japix ; le nord, l’aparctias ; le nord-nord-ouest, le circius ou le thrascias ; le nord-est, l’aquilon ou le borée.

Pline nous apprend qu’on revenait de l’Inde avec le vulturne, — le sud-est, — mais il a bien soin d’ajouter qu’on remonte la Mer-Rouge avec l’africus ou l’auster, le vent de sud-ouest ou le vent de sud. Tous ces détails sont exacts et fort bien observés. Dans la partie supérieure du Golfe-Arabique, en effet, les vents soufflent presque constamment du nord et du nord-ouest. À partir du milieu de mars et pendant une période d’environ cinquante jours, ils tournent généralement au sud. C’est alors le kamsin, le vent brûlant des Arabes, l’auster ou l’africus des anciens, qui règne. Le docteur Vincent nous fait remarquer, en outre, que les époques indiquées pour l’arrivée dans l’Inde des flottes égyptiennes et pour leur retour en Égypte coïncident parfaitement avec les périodes adoptées pour la même navigation par les flottes du Portugal. Ces flottes apparaissaient sur les côtes de l’Inde en septembre ; elles les quittaient d’ordinaire du 8 décembre aux premiers jours de janvier, ayant eu deux mois environ pour disposer de leurs cargaisons.


VII.

Maintenant que nous savons comment, au Ier siècle de notre ère, on se rendait dans l’Inde, comment aussi on en revenait, il nous sera plus facile d’étudier les opérations commerciales qui se poursuivaient dans ces lointaines contrées.

Dès qu’on a dépassé les bouches de l’Indus, on rencontre un golfe qui s’enfonce vers le nord dans l’intérieur des terres et dont l’entrée est difficile à distinguer. Ce golfe porte le nom d’Irinon. Il y a le grand et le petit Irinon. C’est ce que nous appelons aujourd’hui le Run, immense nappe d’eau communiquant avec le golfe de Kutch. Les deux Irinons forment une mer marécageuse sillonnée de grands courans et semée de nombreux hauts-fonds qui se prolongent au large. Souvent les vaisseaux, avant d’apercevoir la côte, ont échoué sur ces bancs, ou, portés à terre, y ont péri. Le golfe est dominé par un promontoire qui part de l’lrinon se dirige d’abord vers l’est, puis vers le midi, tourne enfin à l’ouest, embrassant ainsi à la fois la baie de Barace et sept îles. Les navires qui atterrissent à l’entrée de ce golfe et prennent le large pour contourner les bancs peuvent gagner le port sains et saufs ; ceux, au contraire, qui s’engagent sans précaution dans l’enfoncement de Barace,