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à 50 milles de Tyndis, en suivant le fleuve et le littoral ; elle est à 2 milles de l’embouchure du cours d’eau qui la baigne. Par le fleuve et la mer, Nelcynda n’est également qu’à 50 milles de Muziris ; elle dépend cependant d’un autre roi, de Pandion. On l’a, comme Muziris, bâtie sur le bord d’une rivière, à 12 milles environ de la mer. Une autre ville est assise à l’embouchure même : c’est le bourg de Bacaré, — aujourd’hui Markari. — Les navires s’arrêtent à Bacaré, avant de prendre le large : ils mouillent sur cette rade pour y embarquer leur chargement, parce que la rivière de Nelcynda est, à son entrée, tout encombrée de bancs au milieu desquels la navigation est fort dangereuse. On reconnaît ici, comme sur les autres points de la côte, l’approche de la terre à la rencontre de serpens, noirs aussi, mais moins grands que ceux de la côte septentrionale : ces serpens ont la tête du dragon et l’œil injecté de sang.

On fréquente ces divers marchés avec de grands navires, à cause du volume et de la quantité des marchandises qu’on en exporte : poivre et malabathron, — nous verrons plus loin que le marabathron devait être du thé, — de l’argent monnayé, des topazes, quelques vêtemens unis, d’autres à plusieurs trames, de l’antimoine, du corail, du verre grossier, du cuivre, de l’étain, du plomb, un peu de vin, la quantité seulement qu’on en peut vendre à Barygaza, du réalgar, de l’arsenic, du blé pour la nourriture des matelots, car le blé ne saurait être dans ces parages un objet de commerce. Le poivre qu’on trouve dans ces comptoirs vient de Cottonara, — aujourd’hui Cochin, — le seul pays de la côte qui en produise. On y apporte aussi beaucoup de perles, de l’ivoire, des étoffes de Chine, du nard des bords du Gange, du marabathron de l’intérieur, des pierres précieuses, — diamans, améthystes, — de l’écaille de tortue, venant de l’île de Chrysé ou de l’archipel placé en avant de la côte de Limyrice.

Pour atteindre la partie de l’Inde que nous venons de décrire, il convient de partir d’Égypte vers le mois de juillet. Après Bacaré, le mont Pyrrhus ou Rufus, — probablement la chaîne des Ghats, — s’étend vers une autre contrée appelée Paralia : en réalité, la côte méridionale tourne brusquement à l’est et au nord. Là se trouve une pêcherie de perles appartenant au roi Pandion ; là aussi est située une ville du nom de Colchos, — aujourd’hui Coilnapatam, près de Tutikorin. — Le premier endroit qu’on rencontre sur ce territoire se nomme Balita, — aujourd’hui Marpoly, selon Mannert, un peu au nord d’Auzenga. — Balita possède un bon mouillage et un bourg maritime. Après Balita se présentent le promontoire et le port Comari, dont le nom à peine altéré se retrouve de nos jours dans celui de cap Comorin : à Comari viennent faire leurs ablutions