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1/2 pour 100 à 93 1/2 ; le Turc, de 0 fr. 30 centimes à 9.45 ; l’Unifiée, depuis le détachement du coupon de 10 francs, a perdu 5 francs à 335. Des bruits politiques ont servi d’explication aux ventes des spéculateurs, qui, tour à tour, ont exploité, pour l’Italie, la retraite probable de plusieurs ministres et un désaccord entre le ministre de la guerre et celui des finances sur le montant des dépenses militaires ; pour l’Espagne, le prochain voyage du prince impérial d’Allemagne et la recrudescence de l’agitation républicaine ; pour l’Egypte, le retrait partiel des troupes anglaises et une défaite des troupes du khédive dans le Soudan.

Au milieu de cette défaillance à peu près universelle du marché, les rentes françaises se sont distinguées par une tenue relativement ferme ; au parquet, le 3 pour 100 n’a reculé que de 22 centimes, et le 4 1/2 de 30 centimes. Au comptant, l’argent n’a cessé d’acheter de la rente et surtout des obligations de chemins de fer, de la Ville de Paris et du Crédit foncier. Cette fermeté est d’autant plus remarquable que des grosses opérations financières sont en préparation. Bien que le rapport général de la commission du budget ne soit pas encore déposé et que l’accord n’ait pu s’établir entre la commission et le ministre des finances, on peut prévoir, d’après les déclarations faites par ce dernier, l’état aura à émettre, dans les premiers mois de 1884, un emprunt de 350 millions.

Mais l’état sera devancé par le Crédit foncier, qui a décidé de mettre en souscription, le 26 du mois courant, 600,000 obligations foncières, rapportant un intérêt annuel de 15 francs, et remboursables à 500 fr. par voie de tirage au sort, dans un délai de quatre-vingt-dix-huit ans. C’est, on le voit, un placement de 4.70 pour 100, en tenant compte de la prime de remboursement. Les souscripteurs auront le droit de se libérer complètement en versant dès à présent le prix total des obligations qu’ils auront souscrites ; la petite épargne, qui ne peut souscrire qu’autant qu’elle est assurée de facilités de paiemens avec la faculté de s’en libérer peu à peu : 20 francs en souscrivant, 30 francs à la reparution, 100 francs en juillet 1884, 100 francs en janvier 1885 et 80 francs en juillet de la même année. Les souscripteurs d’obligations libérées toucheront le premier coupon semestriel de 7 fr. 50 le 1er  juillet 1884 ; les souscripteurs d’obligations non libérées jouiront, à partir du 1er  janvier, d’un intérêt de 3 pour 100 sur le montant de leurs versemens. Les tirages d’amortissement auront lieu le 22 septembre de chaque année.

Telles sont les conditions générales de cette émission, à laquelle est assuré le concours des grands établissemens financiers de Paris, des trésoriers payeurs généraux et des receveurs particuliers, et dont le succès ne fait doute pour personne.

L’emprunt nouveau que contracte le Crédit foncier est un signe certain