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de sa prospérité. Le montant des prêts hypothécaires qu’il a consentis à ce jour s’élève en effet à 1 milliard 820 millions; il dépasse de 200 millions le capital précédemment réalisé par l’émission des obligations foncières en circulation. En outre, de nombreuses demandes de prêts sont en cours d’instruction et ceux qu’on a réalisés en 1883 s’élèvent, dès à présent, à 260 millions. Or, si l’on veut tenir compte que le Crédit foncier n’est, en quelque sorte qu’un intermédiaire entre le capital et la propriété et qu’il prête à celle-ci ce qu’il reçoit de celui-là, on comprendra à quels besoins légitimes répond l’emprunt qu’il contracte aujourd’hui.

Quant à la sécurité du placement qu’il offre à l’épargne, elle n’est pas contestable. Ses obligations, de par les statuts, jouissent de garanties et de privilèges qui les assimilent aux titres de nos fonds d’état. En outre, leur montant ne doit pas excéder le chiffre des prêts consentis; ces prêts eux-mêmes sont faits en première hypothèque sans que leur montant puisse dépasser la moitié de la valeur des propriétés, et ces propriétés, pour être acceptées en gage, doivent avoir un revenu durable, certain, égal au moins à l’annuité que doit servir l’emprunteur. Voilà, certes, des garanties à toute épreuve, qu’augmentent encore le capital social du Crédit foncier, 155 millions entièrement versés, et ses réserves s’élevant à 60 millions.

Pour compléter ces détails, il suffira de rappeler que les titres de ce grand établissement, actions et obligations, sont de plus en plus l’objet de la faveur de l’épargne, ce qui n’est que logique si l’on considère que les derniers bilans ont révélé une augmentation constante et soutenue dans le chiffre des opérations et des bénéfices dès à présent suffisans pour assurer aux actions, en fin d’exercice, un dividende au moins semblable à celui de l’an dernier. Nous ajouterons qu’au début de cette année, le Crédit foncier avait fait une émission dont celle qu’il annonce aujourd’hui est l’exacte reproduction. Les obligations, émises alors à 330 francs, sont cotées à 347.50. Il n’y a aucune raison pour que celles qu’il va émettre n’obtiennent pas, dans le même délai, une égale plus-value.

Ces considérations, tirées de l’étude des documens officiels et de l’expérience du passé, permettent d’apprécier à sa juste valeur l’émission du Crédit foncier; elles autorisent à penser que la confiance don jouit cet établissement, est méritée, et qu’en répondant à son appel, séduits avec raison par les avantages qu’il leur offre, les capitaux de l’épargne ne s’exposeront à aucune déception.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.