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LA
POLITIQUE PRUSSIENNE EN ORIENT
A LA FIN DU SIÈCLE DERNIER.

Sejm Czteroletni, napisal x. Waleryan Kalinka (la Diète de quatre ans, par l’abbé Valérien Kalinka), 2 vol. parus. Léopol, 1881 ; Seyfarth et Czajkowski.

Avant le congrès de Berlin, il ne semblait pas que la Prusse prît un intérêt bien vif à ce qui se passait sur les rivages du Bosphore, et la Turquie paraissait être, comme on dit volontiers aujourd’hui, en dehors de la sphère d’action de l’empire d’Allemagne. Après le congrès, on vit avec étonnement la politique allemande s’engager dans une direction qu’on croyait toute nouvelle. Il paraît bien qu’on eût, en effet, raison d’être surpris; l’Allemagne ne touche, par aucun point de son territoire, au territoire ottoman; ses vaisseaux n’ont pas grand’chose à faire dans les eaux du Bosphore et s’y montrent en assez petit nombre; bref aucun intérêt allemand n’était directement engagé dans la querelle du Russe avec le Turc. Pourquoi donc l’Allemagne jugeait-elle à propos de sortir d’une indifférence presque séculaire, et, dans la pièce dont les actes divers se déroulent à Constantinople, pourquoi prenait-elle tout à coup un rôle bien plus marqué?

D’ingénieux écrivains[1] se sont crus obligés à rechercher les causes de ce soudain changement. Ils ont prêté au chancelier de l’empire les plus longs desseins, — et tels qu’il faudrait, pour en amener la réalisation, le concours de circonstances qui, sans être impossibles, ne sont pourtant point probables, ni surtout prochaines. On sondait l’avenir, un avenir éloigné, et on faisait fond sur l’influence germanique en Orient pour projeter tout un remaniement de la carte du vieux monde.

  1. Voyez, en particulier, le livre de M. R. Frary : le Péril social (Paris, Didier), chap. III, intitulé : le Rêve de M. de Bismarck, p. 115 et suiv.