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SOUVENIRS
D’UN
ENSEIGNEMENT A LA SORBONNE

Bien des années se sont passées depuis le jour où le suffrage des professeurs de la Faculté des lettres me désignait pour la chaire de philosophie, illustrée par Théodore Jouffroy et devenue vacante par la mort d’Adolphe Garnier, un de ses plus chers disciples et son successeur immédiat[1]. Je n’ai pas à rappeler ici avec détail ce que la philosophie doit à Jouffroy; mais il me sera permis de dire que la Sorbonne est fière d’avoir été le sanctuaire de ce grand enseignement dans lequel furent posés, avec une lente et sage méthode qui est demeurée un modèle, des problèmes tels que ceux du droit naturel et de la destinée humaine. C’est là que le maître, parlant, ou plutôt pensant tout haut devant des disciples recueillis comme dans un temple, leur inspirait une sorte d’enthousiasme austère pour les grandes idées et de piété philosophique. Après lui, avec moins d’élévation et d’éclat, mais avec des qualités rares d’analyse, M. Adolphe Garnier avait été, lui aussi, un excellent maître. Qu’on relise ce Traité des facultés de l’âme, le résumé de son enseignement et l’œuvre d’une vie entière, et qui restera comme un des

  1. 1864.