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ne s’éclairent et ne prennent une signification que sous la lumière de la pensée.

C’est donc un ensemble de résultats dogmatiques que nous avons maintenus sous l’apparence d’une perpétuelle controverse. A ceux qui nous reprocheraient d’apporter un parti-pris dans ces problèmes, nous répondrons que vraiment ce ne serait pas la peine d’avoir donné tant d’années à ce travail de la pensée, ne perdant pas de vue un seul instant ces grandes questions, les retournant sans cesse dans des méditations sincères, en poursuivant les solutions diverses à travers toutes les écoles et tous les livres, les comparant et les confrontant entre elles, tâchant de les estimer à leur juste valeur de probabilité ou d’évidence, si de tout ce travail, de cette agitation continue de la pensée, de cette application constante aux mêmes problèmes ne sortait pour nous le droit d’avoir une conviction et de nous y tenir. Qu’on nous réfute, soit; mais qu’on veuille bien reconnaître que ce n’est pas à la légère ni facilement que nous avons conquis cet ensemble d’opinions raisonnées que nous avons essayé de faire partager à nos auditeurs. Elle nous a coûté assez d’efforts et de peine pour que nous y tenions, cette doctrine où nous avons trouvé une lumière et une force. Si nous avons pu communiquer cette lumière et cette force à quelques esprits, pendant ces vingt années de parole publique, nous n’en demandons pas davantage, et notre vie n’aura pas été perdue.


E. CARO.