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soient les occupations journalières de tel réserviste, le port du sac, s’il n’y est plus accoutumé, lui paraîtra plus dur encore.

Aussi est-on amené à alléger le plus possible la cartouche, et, comme la partie prépondérante de la cartouche, c’est la balle, on est conduit à la faire la moins lourde ou la moins grosse possible. En d’autres termes, la réduction du calibre s’impose.


III.

Cette réduction du calibre est d’ailleurs demandée aussi par les théoriciens, qui songent aux qualités balistiques beaucoup trop négligées depuis nombre d’années. Quand on a adopté le chargement par la culasse, on a fait valoir bien des raisons : celle-ci, entre autres, qu’il rendait la manœuvre commode en supprimant le bourrage à la baguette très gênant pour les petits hommes et surtout lorsqu’on était sur deux rangs ou derrière des parapets. Plus tard, quand on a remplacé la cartouche combustible du Chassepot par la cartouche à enveloppe métallique du gras, on s’est presque exclusivement proposé de rendre le transport des munitions plus facile et leur conservation mieux assurée, la poudre étant soustraite à l’action décomposante de l’humidité atmosphérique. On se préoccupait en outre d’éviter les ratés, de diminuer l’encrassement et de supprimer les crachemens.

Mais on ne se mettait guère en peine d’améliorer les qualités balistiques de l’arme. A la suite d’une enquête faite après la guerre de 1870 sur la façon dont le chassepot s’était comporté pendant la campagne, le comité d’artillerie déclarait qu’il ne laissait rien ou presque rien à désirer « au point de vue du calibre, du poids, de la forme générale, de la portée, de la justesse et de la rapidité du tir. Il Aussi, au lieu de faire en 1874 un fusil neuf de toutes pièces, se prononça-t-on simplement pour une transformation. On modifia la culasse en conservant le canon. Or, comme on l’a dit, c’était améliorer le manche d’un couteau en se gardant bien de toucher à la lame. Et la lame était médiocre.

De même, en adoptant la cartouche métallique, on ne s’attacha guère à en étudier les différentes parties ; qu’elle fût métallique, c’est là tout ce qu’on demandait, sans trop s’inquiéter de savoir comment il était le plus avantageux de la construire. Aussi a-t-on de ce chef éprouvé de nombreux mécomptes. Des expériences faites un peu partout, dans les commissions techniques, dans les cartoucheries, les poudreries et les manufactures d’armes, aussi bien que dans les écoles de tir, ont montré que la poudre, bien que soustraite à l’influence de l’air par son enveloppe en laiton, était décomposée par ce laiton même, — que de plus l’enveloppe n’était pas hermétique