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volume de M. Victor Guérin, et je crois que les hébraïsans eux-mêmes ne le liront pas sans profit. Il convient d’ajouter que les bois sont parmi les plus beaux, — quoique toujours un peu noirs, — que nous ayons rencontrés dans les livres de cette année.

Quant aux vrais récits de voyages, en voici trois au moins qui méritent une mention spéciale, à défaut d’une analyse que nous ne pouvons leur consacrer. La Russie et les Russes[1], d’abord, de M. Victor Tissof, voyageur infatigable et conteur toujours amusant, très habile à choisir parmi ses impressions, et très adroit à les mettre en scène. Abondamment illustré, comme tous les autres, le livre de M. Tissot aura sur quelques-uns l’avantage de l’être d’après les dessins d’artistes russes : MM. F. de Haenen et Pranichnikof. Un autre genre d’intérêt, dans les circonstances présentes, recommande au lecteur français le livre du docteur F. Piassetsky : Voyage à travers la Mongolie et la Chine[2]. N’est-il pas étonnant que l’on ait tant écrit sur la Chine et les Chinois pour qu’au total, à ce qu’il semble bien, nous les connaissions si mal ? Mais connaissons-nous beaucoup mieux la Suède ou la Norvège ? Je suis persuadé du moins que, dans le livre de M. Paul du Chaillu, un Hiver en Laponie[3], le lecteur français ne laissera pas d’apprendre bien des choses encore. C’est un livre intéressant, dont le titre promet beaucoup moins qu’il ne donne, abondant de renseignemens de toute sorte, et riche surtout en détails précis.

Nous arrivons aux ouvrages de vulgarisation scientifique, un bien vilain mot, qu’on ne saurait cependant se dispenser d’employer, et qu’il ne s’agit que de prendre dans un bon sens. L’intérêt du sujet, la remarquable beauté des gravures, mais le nom surtout de son auteur, mettent au premier rang les Mammifères[4], de M. Carl Vogt. Une large introduction, telle qu’on pouvait l’attendre du savant naturaliste, pose les principes d’une classification dans laquelle il s’est efforcé de résumer les résultats des dernières recherches biologiques, ontogéniques et géographiques. En tête de chaque monographie, une courte formule exprime les caractères différentiels de chaque famille ou chaque groupe par rapport aux autres. Un premier chapitre décrit à larges traits les caractères communs de tout le groupe, sans négliger les caractères intellectuels, ou même en y insistant. De là l’auteur passe à la description détaillée des sous-groupes. Enfin, la monographie se termine par un intéressant chapitre sur « la descendance » et la « distribution géographique » de la famille. — Si c’est aux savans à dire la valeur scientifique exacte du livre de M. Carl Vogt, nous pouvons répondre au

  1. 1 vol. in-8o ; Plon et Nourrit.
  2. 1 vol. in-8o ; Hachette. Ibid
  3. 1 vol. in-8o ; Calmann Lévy.
  4. 1 vol. in-4o ; Mason.