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atmosphérique, le mercure monte et remplit presque entièrement le récipient que la condensation du gaz avait laissé vide.

Nous venons de voir l’acétylène condensé et comme combiné à lui-même. Il se combine aussi à l’hydrogène pour former le gaz oléfiant ou éthylène. Ce dernier va s’unir à la benzine et donnera par synthèse un carbure liquide, le styrolène, identique à celui qui est produit par le styrax ou liquidambar oriental. Enfin de l’union du styrolène et du gaz oléfiant résultera la naphtaline, carbure solide, cristallisé en lamelles très légères et qui abonde dans le goudron de houille. Trop souvent ce corps est entraîné avec le gaz, et les conduites sont bouchées par des dépôts de naphtaline cristallisée.

L’anthracène est un des carbures d’hydrogène les plus précieux qui soient tirés du goudron. C’est une matière solide et cristallisable. L’anthracène existait-il dans la houille ou bien s’est-il formé pendant la distillation ? Il paraît certain aujourd’hui que l’anthracène se forme de toutes pièces dans les cornues. Ce corps solide est produit par la combinaison et la condensation des gaz. En effet, M. Berthelot l’obtient à la chaleur rouge sombre par la réaction du styrolène sur la benzine, ou par la réaction de la benzine sur la naphtaline. Ainsi, quand la houille est portée à une haute température, toutes les matières qui se dégagent sous forme gazeuse ne demeureront pas en cet état. La chaleur n’est pas toujours une cause de dissolution des corps et de dispersion de leurs élémens. Exposés à une température qui dépasse 1,000 degrés, ces gaz se condensent. Leurs molécules se rapprochent ; ils forment entre eux, par suite d’échanges divers, des combinaisons plus riches en carbone et, par conséquent, moins volatiles. Nous avions des gaz, et, quand nous laisserons refroidir nos appareils, nous trouverons des liquides et même des cristaux. Il y a des phénomènes de synthèse opérés par la chaleur rouge.

Il y a aussi des phénomènes d’analyse. La chaleur constitue certains corps ; elle va en dissocier d’autres. Au rouge vif, le gaz acide carbonique va devenir un oxydant : ce corps, si stable, si commun dans l’univers, dernier produit de toutes les combustions, perd son oxygène sous l’influence d’une chaleur excessive. Au moins le fait paraît très probable, et c’est ainsi que les bons auteurs expliquent la production des acides phonique, acétique, crésylique : ce seraient des carbures oxydés par l’oxygène de l’acide carbonique. M. Harnitz-Harnitzky a annoncé qu’il obtenait l’acide benzoïque en fixant, par une méthode indirecte, l’acide carbonique sur la benzine. Les carbures d’hydrogène peuvent aussi se dissocier. Un carbure liquide, analogue à la benzine, le toluène, prend de l’hydrogène et laisse un dépôt d’anthracène. Le formène, ou gaz de marais, ce carbure qui