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les jours propices. Ceux qui en sont chargés ne travaillent que pour le roi. Puis vient l’école de médecine, l’école des chartes, dont les élèves sont employés à la conservation des archives et à la rédaction des rapports officiels ; l’école de dessin, pour les cartes, plans et portraits du souverain ; l’école de droit, l’école de calcul, d’où sortent les commis du ministère des finances, et enfin l’école de l’horloge. C’est là qu’on prend les directeurs et surveillans de l’horloge unique du gouvernement et de la Corée. C’est une machine hydraulique qui mesure le temps, en laissant tomber des gouttes d’eau à intervalles réguliers. En dehors des fonctions administratives, de la culture de la terre, des métiers de tisserand, charpentier et maçon, les Coréens s’adonnent-ils à la fabrication de ces ouvrages d’art, céramiques et bronzes, dans lesquels les Japonais excellent et les Chinois brillent ? Les missionnaires n’en parlent pas. Il y a de nombreux potiers, mais nulle part on ne retrouve la fabrication de ces porcelaines admirables dont nous avons dit quelques mots. Les richesses minérales abondent, et personne ne dit avoir vu fabriquer ces bronzes d’une charmante couleur et d’une sonorité incomparable que l’on trouve dans les habitations des mandarins riches. C’est pourtant à la Corée, d’après les vieux livres chinois, que le Japon et le Céleste-Empire sont redevables de leurs premières tentatives artistiques et littéraires. Une autre gloire lui revient. Elle a inventé les caractères mobiles métalliques, précédant ainsi l’Europe d’au moins cent cinquante ans. M. Satow possède une réimpression du K’ung-tsé-kia-yü ou Apologues de Confucius, imprimée en caractères mobiles à la librairie de l’Unité de distinction, en 1317. C’est sans doute l’un des plus anciens livres qu’il y ait au monde. On assure aussi que les Chinois ont employé des caractères d’argile cuite et mobiles dès le xie siècle.

Il est une industrie dans laquelle les Coréens l’emportent sur leurs voisins, c’est celle du papier. Celui qu’ils fabriquent avec de l’écorce de mûrier est bien plus épais et bien plus solide que celui des Chinois. Il a la solidité de la toile. On en fait des chapeaux, des sacs, des mèches de chandelle, des cordons de chaussures, etc. ; lorsqu’il est préparé avec de l’huile, il remplace nos toiles cirées, nos parapluies et notre caoutchouc. Les portes et les fenêtres n’ont pas d’autres vitres que ce papier.


V.


La langue coréenne n’a pas de parenté avec la langue des Célestes, bien qu’elle se soit approprié un grand nombre de mots chinois. Elle appartient au groupe mongol et possède beaucoup d’analogie avec le japonais. Elle n’a ni genre, ni nombre, ni cas, mais des