Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 61.djvu/901

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

particules qui s’adaptent aux noms, aux verbes et même aux phrases. Dans les huit écoles du gouvernement, on n’étudie que la littérature et les sciences chinoises, tandis que la langue nationale est méprisée. Édits, proclamations, jugemens, livres de science, tout est en caractères chinois. M. Ch. Dallet fait remarquer, non sans raison, que pas un de nos orientalistes ne s’est occupé de la langue coréenne et ne s’est adressé aux missionnaires pour en connaître la structure. Ceux-ci ont fait paraître en décembre 1880, puis en janvier 1882, un Dictionnaire français coréen et une Grammaire coréenne. Le premier est un grand in-8o de plus de sept cents pages, qui comprend une partie géographique, riche de vingt-huit à trente mille mots et de deux appendices. C’est en partie l’œuvre de M. Ridel. Avec ses vingt-cinq lettres, l’alphabet coréen a suggéré aux auteurs l’idée d’adopter pour la disposition des mots un système approchant des dictionnaires européens. À côté de chaque mot coréen on trouve sa prononciation figurée en caractères français, et, de plus, le mot chinois, ce qui rend cette œuvre accessible aux Orientaux eux-mêmes. Ce dictionnaire décrit également la faune, l’ichtyologie, la flore, les sciences et les arts de la Corée, avec une couleur locale qui donne à l’œuvre un caractère spécial et pittoresque. En le feuilletant, on découvre de curieux détails sur les usages et les institutions d’une terre où, presque à chaque pas, on se trouve en face de l’inconnu. Et que de richesses naturelles encore ignorées ! L’un des appendices donne la solution rapide de la conjugaison des verbes, la plus ardue des difficultés de la langue coréenne. L’autre, rédigé d’après les traités de géographie les plus connus, fournit les noms et la position des provinces, des villes, des montagnes, des cours d’eau et l’indication des divisions administratives, civiles et militaires. L’impression de ce travail important a été conféré à M. Lévy, directeur de l’Écho du Japon, à Yokohama. Elle a duré deux ans et fait le plus grand honneur à celui qui a osé l’entreprendre.

Dans la Grammaire coréenne[1], les missionnaires ont encore donné beaucoup de place à leur chapitre du verbe, qui, en français et en anglais, comme dans beaucoup d’autres langues, est la partie la plus importante, la plus difficile du discours. C’est aussi le cas pour la langue coréenne, langue dans laquelle les plus grosses difficultés proviennent des formes honorifiques. Les Coréens y attachent une grande importance, de même que les Chinois, et ils ne

  1. Grammaire coréenne, précédée d’une introduction sur le caractère et la langue coréennes, sa comparaison avec le chinois, suivie d’un appendice sur la division du temps, les poids, les mesures, la boussole, la généalogie, avec un cours d’exercices variés pour faciliter l’étude pratique de la langue, par les missionnaires de Corée de la Société des missions étrangères de Paris. Yokohama. Imprimerie de L.-L. Lévy et S. Salabelec.