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modifications à apporter dans l’assiette de l’impôt. Cette commission, dont l’existence et les travaux étaient restés jusqu’alors complètement ignorés, se révélait avec un à-propos remarquable, dès le lendemain de la souscription à l’emprunt, par une proposition d’impôt sur ta rente, se rattachant d’ailleurs à tout un système de taxes destinées à permettre le dégrèvement, jusqu’à concurrence de 250 millions, des impôts sur les boissons et autres objets de consommation. Ces taxes porteraient sur les valeurs mobilières, sur les biens fonciers, sur les créances hypothécaires, sur les traitemens des fonctionnaires et des employés du commerce et de l’industrie, enfin sur toutes les rentes françaises.

La publication des décisions prises avec tant d’opportunité par la commission « de la banqueroute partielle » a exercé sur les cours une influence déplorable contre laquelle n’ont pu réagir avec assez de force les objections et les critiques qui, de tous les côtés, se sont élevées contre des propositions si peu politiques et si déraisonnables. Le gouvernement s’est hâté de faire savoir officieusement qu’il repousserait énergiquement tout projet d’impôt sur la rente. Comme il était difficile que le cabinet laissât planer le moindre doute sur ses intentions à cet égard, la déclaration trop aisément prévue n’a produit aucun effet et n’a pas rassuré l’opinion publique, qui craint que la majorité de la chambre, après avoir reculé d’abord devant l’expédient proposé, ne finisse par se laisser séduire en faveur d’un moyen si commode de constituer au budget de nouvelles ressources.

La Bourse a eu à redouter, en outre, pendant cette quinzaine, les conséquences d’un conflit entre le gouvernement et la commission de l’enseignement primaire. Le cabinet Ferry, en préparant le budget de 1885, s’est aperçu que, même en maintenant les dépenses strictement au même chiffre, à quelques millions près, que pour 1884, il ne pourrait placer en regard un chiffre équivalent de recettes qu’en recourant à diverses mesures destinées à assurer plus rigoureusement la perception de certains impôts qui donnaient lieu jusqu’ici à de nombreuses fraudes. Encore faut-il tenir compte des moins-values probables dans le rendement des contributions indirectes, le seul mois de janvier ayant présenté déjà une insuffisance de 8 millions. Le cabinet a donc pris la résolution de repousser toute demande de dépense nouvelle et, par conséquent, de combattre toute proposition de loi dont l’adoption aurait pour effet de nécessiter l’inscription au budget de nouveaux crédits.

Or la chambre allait avoir à discuter un projet de loi relatif à l’organisation de l’enseignement primaire, et dont une des clauses, portant augmentation des traitemens des instituteurs et des institutrices, devait entraîner une dépense nouvelle s’élevant à 16 millions, selon les uns, à