Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 62.djvu/453

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est chargée, à l’exclusion de tout autre établissement » de la négociation des effets de trésorerie émis par le gouvernement turc ; à conditions égales, elle a la préférence sur les autres sociétés de crédit pour les opérations financières que pourrait tenter le gouvernement. Elle est de droit représentée dans la commission du budget par un de ses directeurs ou de ses administrateurs et est ainsi tenue au courant de tout ce qui touche aux intérêts publics ou privés. En revanche, la Banque ottomane s’était engagée tout d’abord à faire au gouvernement des avances jusqu’à concurrence de 67 1/2 millions de francs à valoir sur la rentrée des impôts, et elle a reçu en garantie de ces avances 175 millions de francs en rente turque, capital nominal. Enfin, pour les besoins de son service de trésorier-payeur-général, elle a dû établir des succursales aux sièges des vilayets de l’empire moyennant une subvention annuelle.

Les auteurs de cette subvention, qui a réglé jusqu’au 1er janvier 1880 les rapports de la banque avec le gouvernement turc, poursuivaient le double but de la régularisation des budgets et du service de la dette publique, mais ni l’un ni l’autre ne pouvaient être atteints, puisque la banque n’avait pas la perception des impôts restée dans les attributions des fonctionnaires impériaux et que le service de la dette était fait sur des délégations de revenus émanées du ministre, lequel avant toutes autres dépenses donnait la préférence à celles qui intéressaient les services intérieurs de l’empire. Les emprunts étrangers se trouvaient donc au second rang des préoccupations ministérielles.

Vint l’époque, on se le rappelle, où le service de la dette publique fut suspendu, même supprimé, où le gouvernement turc cessa tous les paiemens, et, où, contrairement à la convention de 187Zi, qui avait interdit formellement la création de papier-monnaie, l’émission des caïmés remplaça tout autre mode de solder les dépenses, à plus forte raison ne put servir de gage valable à donner aux avances que réclamait le Trésor ottoman.

Les avances à fournir, c’était, à vrai dire, l’objet principal de la création de la Banque ottomane. Il y avait été pourvu à la naissance de la société : depuis lors, le chiffre primitif s’était accru ; au moment où parurent les caïmés, il devenait plus nécessaire que jamais de les augmenter encore. Mais comment faire, quelle sécurité demander, comment gager ces avances grossissantes faites par la société seule, ou en participation avec d’autres groupes financiers et même des maisons particulières importantes ? Telle fut l’habileté de la direction de la Banque ottomane, qu’elle a su pourvoir aux besoins de la Turquie, lui procurer de grandes ressources et améliorer pour elle-même sa situation, défendre l’intérêt de ses