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et l’argent auxquels elle était attachée par sa tradition séculaire et par la tradition de tous les peuples : maintenant il s’irrite que les Français ne rendent pas assez vite ce papier déprécié en se résignant à la perte que présentent tous les emplois qui leur en sont offerts, et dans la dernière et courte période qui lui reste à parcourir, c’est contre les billets, les actions et les actionnaires que vont être dirigées les contraintes et les violences.

Les porteurs de billets de 10,000 livres et de 1,000, ne se pressant pas de les employer en rentes, en comptes courans, en actions rentières, sont prévenus officiellement (arrêt du 15 août) que ces billets a n’auront plus cours comme espèces » à compter du 1er octobre. Ils seront reçus jusqu’au 1er  novembre en acquisition de rentes ; jusqu’au 1er  septembre à Paris et jusqu’au 15 dans les provinces en comptes courans, dont les livres seront fermés à ces époques ; jusqu’au 1er  octobre, la compagnie les recevra en paiement de ses actions, et, passé ce délai, ceux qui voudront jouir des termes accordés par les souscriptions devront payer en billets de 100 livres et de 10 livres. — Après le 1er  novembre, les billets de 10,000 et de 1,000 qui n’auront pas été ainsi employés, seront convertis en actions rentières à 2 pour 100. — Les billets de 100 livres et de 10 livres cesseront d’avoir cours comme espèces au 1er  mai 1721 ; la compagnie, à cette époque, les aura tous retirés ou remboursés. On se croit si assuré que la circulation métallique ne tardera pas à être rétablie, qu’on rend aux particuliers la liberté de stipuler, dans leurs contrats, que les paiemens auront lieu en or ou en argent.

Ces menaces restant sans effet, un mois après (arrêt du 15 septembre), alors qu’à la fin de I719, on ne permettait pas de faire entrer des espèces dans la plupart des paiemens, ce sont les billets de 10,000 et de 1,000 qui ne pourront être donnés en paiement, même de particulier à particulier, qu’avec moitié d’espèces, jusqu’au 1er  octobre, et, à cette époque, ils « seront hors de cours et ne seront reçus que dans les débouchés et le temps indiqués. » — Les billets de 100 livres, de 50 livres et de 10 livres ne seront reçus en paiement des sommes de 20 livres et au-dessus qu’avec moitié en espèces, et au-dessous de 20 livres le paiement ne pourra être fait qu’en numéraire ; jusqu’au 1er  novembre, ils seront reçus en paiement des rentes nouvelles, et, après cette date, avec moitié d’espèces. — La banque a ouvert (le 13 juillet) un livre de comptes courans, qui, disait-on alors, « serait utile et avantageux au commerce… par la sûreté qu’il procurerait dans les paiemens ; » deux mois à peine se sont écoulés, et, « à dater du 15 septembre, les sommes écrites en comptes courans en banque sont fixées au quart