Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 63.djvu/423

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait joué un rôle important dans les opérations militaires depuis le début de la guerre, ainsi que le colonel Pedro Lagos, chef de la 3e brigade. La réserve était sous les ordres de Martinez. Don Manuel Baquedano commandait en chef, assisté du ministre de la guerre en campagne, don José Vergara. L’artillerie, dirigée par le colonel Vélasquez, se composait de cinquante canons de campagne et vingt-sept de montagne attelés chacun de huit chevaux.

L’armée chilienne, campée derrière le Lurin, faisait face à Lima, située à 30 kilomètres au nord-ouest ; l’aile gauche se reliait à la mer et s’appuyait sur la brigade Barbosa, campée près du vieux temple de Pachacamac ; les avant-postes placés au-delà de la rivière se trouvaient portés à 6 kilomètres de la bourgade. Sur la droite s’étendaient de vastes plaines sablonneuses, dépourvues de végétation, semées ça et là de collines de sable, aux formes arrondies, nommées cerros. A gauche, la plage longeait la mer sauvage, golfe aux vagues houleuses fouettées par le vent du large et qui, déferlant sans cesse sur une côte abrupte, avait rongé le sol et créé des falaises verticales coupées de ravines profondes (barrancos), près desquelles s’élevait la jolie petite ville de Chorrillos. Au-delà, le sol s’abaissait en pente douce jusqu’à la riche plaine du Rimac et la baie du Callao. Au centre de cette plaine, Lima, située à cheval sur le Rimac, reliée à la mer par la place forte du Callao, étendait sur les deux rives ses habitations luxueuses, ses jardins, ses places publiques et ses monumens.

Une double ligne de défenses en couvrait l’accès. La première, à 12 kilomètres en avant de la ville, partait de Chorrillos et couronnait une chaîne de hauteurs, dont la plus élevée était le Morro Solar. Ces collines, reliées entre elles par un parapet de terre, étaient en outre protégées par de larges fossés et des abris sur l’avant desquels on avait creusé des mines et semé des bombes automatiques. Cent vingt pièces d’artillerie couronnaient ces hauteurs, dont le feu balayait la plaine et les pentes d’accès. Les murs de clôture des jardins environnans, les haies tout ce qui pouvait abriter un ennemi, avait été nivelé. Cette première ligne de retranchemens ne mesurait pas moins de 13 kilomètres ; elle était occupée par vingt-deux mille combattans et décrivait un demi-cercle qui permettait de porter facilement les troupes, du centre, au point principal de l’attaque.

A 6 kilomètres en arrière de cette première ligne, et par conséquent à mi-chemin entre elle et Lima, s’élevait, près de Miraflorès, la seconde ligne de défense, mesurant environ 7 kilomètres de longueur. On avait utilisé pour l’établir des murs de clôture de forte épaisseur qui séparaient les unes des autres les propriétés rurales.