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roi ! » Pour fuir cette ovation importune, il a dû se réfugier, au grand dommage de la dignité royale, dans un jardin voisin par une porte trop étroite pour y passer à l’aise. A Metz enfin, après l’arrivée, l’intimité devient tout à fait apparente : car Mme de Châteauroux va loger en face du palais même occupé par le roi, dans une maison destinée aux principaux officiers, et que, soi-disant pour les besoins du service, on a fait communiquer avec la demeure royale, par une galerie eu planches qui traverse la rue. Les passans, surpris, n’ont pas de peine à deviner à quel genre de service est destiné ce passage improvisé[1].

Ceux qui, peu de jours après, auraient suivi à la trace Frédéric entrant en Bohême ne l’auraient trouvé ni en quête de ces distractions déplacées, ni exposé à de si tristes mésaventures ou à de si fâcheux commentaires. Pour celui-là, une fois que l’heure du combat avait sonné, la pensée même du plaisir ne traversait plus son esprit. La différence des deux hommes aurait suffi à elle seule pour faire présager la fortune contraire des deux règnes.


DUC DE BROGLIE.


CORRESPONDANCE.


Nous recevons des éditeurs de la Correspondance politique de Frédéric le Grand la communication suivante :

On lit dans un article de la Revue des Deux Mondes du 1er avril 1884, article intitulé : l’Ambassade de Voltaire à Berlin et signé : Duc de Broglie (p. 529) :

« Les modernes éditeurs des Papiers politiques de Frédéric ont retranché avec soin de leur publication tout ce qui pouvait rappeler la négociation prétendue de Voltaire; son nom même n’est pas prononcé dans leur recueil, et ils ont poussé le scrupule, je dirais volontiers la pruderie, jusqu’à faire disparaître de plusieurs lettres des paragraphes où ce nom figurait. »


Cette allégation est absolument inexacte. Cela ressort du fait suivant. Dans le recueil intitulé Politische Correspondenz Friedrichs des

  1. Mémoires de Luynes, t. VI, p. 27, 30, 47.— Journal de d’Argenson, t. IV, p. 106. — Mme de Tencin à Richelieu, 20 juillet 1744.