Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 63.djvu/629

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

UNIVERSITÉS ALLEMANDES
ET
UNIVERSITÉS FRANÇAISES

Les Allemands, par le père Didon. Paris, 1884. — Les Universités allemandes, par le docteur Blanchard. Paris, 1884.


Il a fallu qu’un dominicain, descendu de la chaire de Notre-Dame, allât se faire étudiant au pays de la réforme et en rapportât un livre où il donne, avec la description des universités allemandes, une théorie superbe de l’enseignement supérieur, pour que le public français parût prendre intérêt à un sujet qui l’a jusqu’ici laissé indifférent ; car ces universités ne sont connues que dans un cercle d’initiés et l’opinion publique ne sait pas que, l’enseignement supérieur ayant un devoir national à remplir, il existe envers lui un devoir national. Le livre du père Didon, répandu par vingt éditions, l’a remuée un moment : il faut en remercier ce religieux, qui a servi une bonne cause en essayant de faire estimer à son prix cet instrument de culture générale et de culture nationale qu’on appelle une université ; mais plus grand a été le succès du livre, plus impérieuse est l’obligation de le critiquer avec exactitude. Peu importe qu’en vrai Français qu’il est, le père Didon soit parti pour l’Allemagne sans réfléchir ni s’éclairer, et qu’ignorant la littérature d’informations que nous possédons sur le sujet même qu’il a traité, il ait cru découvrir l’Amérique le jour où il est entré à l’université de Berlin. Il importe au contraire d’examiner s’il a bien vu les choses qu’il décrit et si, d’ailleurs, certaines de ces choses ne sont pas tout indigènes, c’est-à-dire inimitables. On voit bien, en effet, qu’il voudrait emprunter à l’Allemagne ces belles institutions, mais ne faut-il point, pour cela, savoir ce qu’elles sont et s’il est possible