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entre la flore et la faune d’une région australe et celles des contrées boréales. C’est à comparer aux grandes terres qui forment la Nouvelle-Zélande les petites îles qui en sont plus ou moins rapprochées que l’intérêt s’élève dans une étrange proportion, et à observer les ressemblances dans la structure du sol, dans la végétation, dans la faune, on assiste à une révélation du passé. Par l’étude on apprend que, dans un âge du monde, ancien selon l’histoire des hommes, presque récent selon les époques géologiques, il existait un vaste continent dans la région du Pacifique, où il ne reste de nos jours que des lambeaux et des parcelles.


I.

Lorsqu’on approche des côtes de la Nouvelle-Zélande, du pont du navire on aperçoit l’ensemble des terres sous l’aspect d’une immense chaîne de montagnes. Au nord, où de tièdes effluves sont habituels, les collines paraissent commencer aux roches qui surgissent de la mer; au sud, elles s’annoncent par les Snares, îlots abrupts que battent les furieuses tempêtes des régions antarctiques. Les îles Auckland se présentent comme les dépendances du même système de montagnes. Dès qu’aux yeux du navigateur se dessinent d’une façon nette les baies et les promontoires, les petites îles éparpillées et les îlots sans nombre formant une bordure à l’est et au nord de Te-Ika-Mawi, ou disséminés vers les détroits de Cook et de Foveaux, produisent à la fois une impression agréable et un étonnement. Quand on est à terre, la Nouvelle-Zélande séduit, en maint endroit, par les merveilleux aspects du pays, par le caractère grandiose des montagnes aux cimes neigeuses, affirme le voyageur qui a visité les contrées tropicales, plus surprenantes par le luxe de la végétation, plus éblouissantes par les effets de lumière. Sans doute, il y a de vastes espaces couverts de fougères, c’est une désolante monotonie, et si, comme aux alentours de la baie des Iles, au milieu des fougères, on aperçoit de rares bouquets d’arbres, on croirait qu’ils se dressent pour marquer davantage l’uniformité. Il existe, notamment, sur les côtes occidentales, des parties âpres, stériles, désolées ; mais de l’opposition naît un charme plus grand, pour les belles vues d’ensemble, pour les scènes gracieuses, pour les paysages romantiques <<ref> Nous avons sous les yeux une série de photographies des paysages de la Nouvelle-Zélande, qui nous a été communiquée par M. Filhol. </ef>.

La Nouvelle-Zélande, qui s’étend sur une longueur de 1,100 milles environ (1,900 kilomètres), est relativement étroite; au nord, elle est étranglée de façon à former un isthme. Divisée par deux canaux,