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commandent l’attention au plus haut degré ; plusieurs d’entre eux se distinguent par des formes très particulières ; à merveille ils caractérisent la région qu’ils habitent. La famille des gallinacés n’est représentée que par une caille propre au pays. Il y a un demi-siècle, les navigateurs la voyaient par légions ; à l’heure actuelle, on annonce son extinction prochaine. Le même danger ne menace pas encore le seul pigeon de la contrée, un oiseau superbe[1]. Des coucous, au vol soutenu, viennent en la belle saison bâtir leurs nids, et, en compagnie des jeunes sujets, aux approches de l’hiver, s’éloignent à tire-d’aile dans la direction de la zone tropicale. On ne rencontre aucune espèce de la famille des pics, mais on remarque sur les bords des rivières et sur les plages un brillant martin-pêcheur qui rase la surface de l’eau à la poursuite des insectes, plonge pour saisir quelque bête aquatique, se montre et disparaît entre les roseaux ou s’enfonce dans une retraite bien dissimulée. Les fringillidés, en quantité très notable, ont des espèces qui se rattachent aux groupes des corbeaux, des étourneaux, des mésanges, des merles et surtout des fauvettes; les unes dispersées sur les grandes terres néo-zélandaises, les autres plus ou moins cantonnées dans certains endroits. Comme dans tous les pays qui s’étendent sous une longue suite de degrés de latitude, des espèces de mêmes genres habitent seulement ou la région la plus chaude, ou la région la plus froide; ainsi, sous les divers climats, plusieurs d’entre elles semblent se remplacer. Deux oiseaux du type des corbeaux[2], deux merles[3], des fauvettes en offrent l’exemple. Dans ce petit monde, il y a des chanteurs merveilleux, des artistes d’un talent qui surpasse, dit-on, celui de nos plus gracieux merles, de nos plus savans rossignols. Sur les terres où le silence est à peine troublé par les créatures vivantes, il est impossible de ne pas prendre un plaisir extrême à écouter sous la futaie le ramage des oiseaux. On se souvient du ravissement du capitaine Cook et de ses compagnons, lorsque, à l’aube, dans l’air calme, se faisait entendre jusque sur le pont du navire, le mélodieux concert des habiles musiciens de la forêt voisine. Tous les navigateurs ont célébré à l’envi les mérites des oiseaux chanteurs de la Nouvelle-Zélande, qui ne s’effrayaient point alors de la présence de l’homme : « Dès qu’on s’arrête en quelque partie d’un bois, rapporte Dumont d’Urville, étant à la baie Tasman, on est sûr de voir paraître une ou deux moucherolles; elles vous considèrent en silence et comme avec crainte, et si vous restez immobile, prenant confiance, elles s’enhardissent jusqu’à venir se percher sur votre épaule. » A l’île Auckland, le docteur

  1. Carpophaga New-Zelandiœ.
  2. Glaucopis Wilsonii sur l’île du Nord, Glaucopis cinerea sur l’Ile du Sud.
  3. Turnagra crassirostris sur l’île du Sud, Turnagra Hectori seulement dans les parties les plus chaudes de l’île du Nord.