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BIANCA CAPELLO
GRANDE-DUCHESSEDE TOSCANE

I.
DE VENISE A FLORENCE.

Le dramaturge allemand Kotzebue raconte, dans son Voyage en Italie, que, visitant un jour l’église de Saint-Marc à Florence, son guide lui montra le tombeau de Pic de La Mirandole, et qu’à ce sujet il se demanda qui pouvait bien être ce prince de La Mirandole? « Un prodige de science, paraît-il, mort à vingt ans, connu du Tage au Gange, célèbre même aux antipodes, et dont moi, malheureux, je n’avais oncques ouï parler ! » Bien des gens ayant clarté de tout, mais n’ayant pas cette naïveté d’aveu, seraient peut-être assez embarrassés s’il leur fallait, au dépourvu, s’expliquer sur certaines figures secondaires de l’histoire qui reviennent souvent dans la conversation ; nous les traitons un peu comme accessoires et prenons d’elles ce que les chroniqueurs, les romanciers et les librettistes d’opéras nous en donnent. Ce nom de Bianca Capello, par exemple, à combien d’interprétations fantastiques n’a-t-il pas servi? S’avisa-t-on jamais de chercher la femme politique et la correspondante de Sixte-Quint dans cette espèce de virago délicieuse, courant la nuit sur les toits, en chemise, pour aller rejoindre son amant? Cette recherche m’a séduit; on va me demander où sont les documens nouveaux que j’apporte à la discussion, comme s’il existait jamais des documens nouveaux, comme si, l’intuition psychologique