Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 63.djvu/962

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Après une liquidation facile et qui s’est distinguée par le peu d’élévation du taux des reports, les cours des rentes françaises ont été encore poussés en avant par l’annonce que le projet de loi relatif à la conversion du 3 pour 100 consolidé anglais venait d’être adopté par la chambre des communes, en seconde lecture, à une forte majorité. La hausse, qui avait déjà été considérable pendant le mois de mai, a donc fait de nouveaux progrès pendant la première semaine de juin, et il est de bon augure, pour l’attitude que pourra conserver le marché pendant le reste du mois, que la seconde semaine, malgré une atonie extraordinaire des transactions, n’ait vu se produire aucune réaction sérieuse sur les hauts prix que l’on venait d’atteindre.

Nous croyons intéressant de rapprocher les cours cotés sur nos trois rentes aux deux dernières liquidations de ceux qua l’on vient de voir se maintenir, avec de légères oscillations, depuis huit ou dix jours :


1er mai 2 juin 13 juin
3 pour 100 perpétuel 77.90 78.60 79.27
3 pour 100 amortissable. 78.90 79.75 80.35
4 ½ pour 100 107.25 107.80 108.20


Ce tableau permet de constater qu’en quelques jours nos trois fonds publics ont obtenu, après la dernière liquidation, une plus-value à peu près égale à celle que la spéculation avait réussi à conquérir pendant tout le mois de mai. Le mouvement était trop brusque pour se continuer longtemps. Les acheteurs ont compris qu’ils compromettraient tous les fruits de la modération où ils avaient su jusqu’alors se tenir s’ils voulaient pousser trop vivement leur succès. Ils se sont donc arrêtés ; comme, d’autre part, le parti de la baisse n’a pas cru devoir donner signe de vie, les circonstances ne lui paraissant pas sans doute propices à un renouvellement de ses anciennes entreprises contre le crédit public, le mouvement des transactions s’est ralenti jusqu’à s’arrêter presque, au moins en ce qui concerne la spéculation, le marché du comptant conservant seul quelque activité, et, par suite, une certaine signification.

Or les indications que donne la tenue du marché au comptant sont des plus satisfaisantes. C’est là que l’on peut trouver des témoignages